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À la faveur du procès d’Hissein Habré (2015-2016), ancien président du Tchad (1982-1990), ont été exhumées les archives de son service de renseignement, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS). Connue pour son rôle répressif et pour ses prisons, la DDS n’avait jamais fait l’objet d’une mise en perspective historique sur le temps long post-colonial et son appareil de renseignement fut ignoré au profit de son appareil répressif. Cet article revient sur l’héritage sur lequel s’est construite la DDS, puis aborde les rouages de l’administration quotidienne du secret au Tchad, saisissant la naissance d’une « bureaucratie du secret » dont les acquis techniques survivront largement à la chute d’Hissein Habré. À la vision de la société tchadienne dans l’œil de la DDS répond, en miroir, une sociologie des acteurs du renseignement au quotidien (jusqu’à des exemples d’informateurs). Il s’agit d’une approche inédite « par le bas » de la création et du fonctionnement d’une « administration du secret » en Afrique contemporaine au cours des années 1980. Thanks to the trial of Hissein Habré (2015-2016), former president of Chad (1982-1990), were exhumed the archives of his intelligence service, the Directorate of Documentation and Security (DDS). Known for its repressive role and for its prisons, the DDS had never been the subject of a historical perspective on the long post-colonial era and its intelligence apparatus was ignored for the benefit of its repressive apparatus. This article looks back at the legacy on which the DDS was built, then discusses the workings of the daily secret administration in Chad, seizing the birth of a "secret bureaucracy" whose technical achievements will largely survive the fall of Hissein Habré. The vision of Chadian society in the eye of the DDS responds, in mirror, a sociology of intelligence actors in everyday life (up to examples of informants). This is an unprecedented "bottom-up" approach to the creation and operation of a "secret administration" in contemporary Africa in the 1980s. |