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Cet article s’interroge sur la manière dont l’imaginaire orientaliste autour de la figure érotisée de « l’homme arabe » a influencé les mobilisations des travailleurs maghrébins dans les années 1970. Il le fait à partir d’un cas particulier : celui d’une grève de la faim de travailleurs sans papiers tunisiens qui s’est déroulée à Lyon en mars 1973 dans le quartier de Vaise. Un conflit social qui s’inscrit dans le mouvement de contestation des circulaires Marcellin-Fontanet qui anime alors la France, et plus généralement dans une phase inédite de mobilisation des travailleurs immigrés postcoloniaux au début des années 1970. Nous aborderons tout d’abord par quels processus ces travailleurs maghrébins sont genrés et assignés à une masculinité marginale dans la société française. Cela permettra ensuite de voir la centralité dans le conflit des questions de genre, notamment comme outil utilisé par les grévistes de la faim pour s’habiliter comme sujets politiques légitimes. Pour finir, nous nous interrogerons sur les ambivalences du répertoire d’action de la grève de la faim et à la manière dont il affecte le rapport entre militantisme et masculinités. Au long de cette réflexion, apparaitra progressivement le rôle de l’espace de la mobilisation dans la transformation dynamique des identités masculines de ces travailleurs, et plus généralement des rapports de genre. This article questions the popular orientalist belief that eroticizes the figure of the “Arab man” and its influence on the Maghrebin workers mobilizations in the 1970’s. It focuses on the particular case of a hunger strike by undocumented workers from Tunisia that took place in March 1973 in Vaise, a neighbourhood of Lyon. This social conflict was part of the protest movement against the Marcellin-Fontanet circulars in France, and more generally in an unprecedented period of mobilization of postcolonial immigrant workers in the early 1970s. This paper first addresses by which processes these Maghrebin workers were gendered and assigned to a marginal masculinity within French society. This allows us to see the centrality of gender issues within these conflicts, used as a tool used by hunger strikers to empower themselves as legitimate political subjects. Finally, the article examines the ambivalences of the hunger strike as a mode of action, and how it affects the relationship between activism and masculinities. Throughout this reflection, the role of the space of mobilization in the dynamic transformation of the masculine identities of these workers –and more generally of gender relations – will gradually become apparent. |
