Une soupe peu ordinaire. Analyse du repas des funérailles chez les Mongols
Autor: | Sandrine Ruhlmann |
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Přispěvatelé: | Éco-Anthropologie (EAE), Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) |
Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2009 |
Předmět: | |
Zdroj: | Techniques & Culture Techniques & Culture, Editions de l'EHESS, 2009, ⟨10.4000/tc.4688⟩ |
ISSN: | 0248-6016 1952-420X |
DOI: | 10.4000/tc.4688⟩ |
Popis: | Aussi loin que l’on remonte dans les sources historiques, les Mongols apparaissent comme etant des mangeurs de viande. Au XIIIe siecle, ils consommaient la viande accompagnee d’un bol de son bouillon de cuisson. Aujourd’hui, chez les Mongols de la Republique de Mongolie, composee majoritairement de Mongols halhs, l’element principal du repas n’est autre qu’une soupe de viande. Selon la definition mongole, la viande qui nourrit et fait repas est necessairement fraiche et grasse. Le mode de cuisson qui confere a la viande ses proprietes nutritives et preserve ses qualites requises est le bouilli. La fin du XVe siecle, date de leur conversion au bouddhisme, marque un tournant dans la vie des Mongols, a commencer par leurs pratiques funeraires : ils se voient interdits de sacrifier des animaux et de consommer de la viande a l’occasion de la mort d’un humain. En realite, cet interdit bouddhique, qui se traduit par des regles alimentaires, concerne a la base le partage de la part sacrificielle de viande destinee aux mânes des ancetres, cette part qui devait etre rotie pour leur parvenir. Le repas des funerailles comporte cependant, aujourd’hui, de la viande. A partir d’une etude des chaines operatoires de preparation, de distribution et de consommation de la viande, l’auteur montre comment une serie d’inversions, que justifie la mort d’un humain, se retrouve jusque dans les techniques de preparation, de distribution et de consommation de la viande de la soupe offerte au repas des funerailles – soupe revetant une forme toute particuliere. A partir d’un cas particulier observe, l’auteur retrace, sur la base d’une etude des techniques culinaires, les evolutions des pratiques funeraires mongoles et les croyances qui leur sont attachees. Les croyances populaires chamaniques prebouddhiques et bouddhiques, relatives a l’âme et a son devenir post mortem, n’ont pas ete completement eradiquees, ni par trois siecles de politique anti-chamanique du clerge bouddhique ni par un demi-siecle de politique antireligieuse du parti politique communiste. Les Mongols consomment une viande non ordinaire – fraiche mais techniquement degraissee et rotie –, et semblent s’en accommoder en contexte funeraire, tandis qu’ils seraient offenses de se la voir offrir et de devoir la manger au quotidien. Ne serait-ce pas la une maniere de nourrir l’âme du mort d’une viande rotie comme la pratique chamanique prebouddhique le preconisait au XIIIe siecle a travers le sacrifice animal ? |
Databáze: | OpenAIRE |
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