Une catastrophe hors norme d'origine météorologique le 2 octobre 2020 dans les montagnes des Alpes-Maritimes
Autor: | Pierre Carrega, Nicolas Michelot |
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Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2021 |
Předmět: |
Risque d'inondation
Basses eaux Climate vulnerability Alpes-Maritimes susceptibility Flooding Evolution des températures Modèle de mélange Crues Températures moyennes mondiales Hydrologie media_common risk Geography (General) Missing model Etiage Inondation Extreme rainfall General Medicine Art GB3-5030 extreme rainfall risque Geochemical tracers G1-922 Low water Physical geography Land cover hazard media_common.quotation_subject Pluies extrêmes meteorological analysis Flood Meteorology situation météorologique Global mean temperatures Occupation du sol Irrégularité pluviométrique Traceurs géochimiques Flood risk vulnérabilité Crue Adaptation of agriculture Météorologie Hydrochimie Vegetation Forest cover Hydrochemistry Climat Temperature evolution Adaptation de l'agriculture Végétation Floods aléa Rainfall irregularity Land use Couvert forestier Humanities susceptibilité |
Zdroj: | Physio-Géo, Vol 16, Pp 1-70 (2021) |
Popis: | Les pluies exceptionnelles du 2 octobre 2020 qui ont concerné les montagnes des Alpes-Maritimes, dans le Sud-Est de la France, resteront marquées dans les annales statistiques et, particulièrement, dans l'esprit des habitants des hautes-vallées de la Vésubie et de la Roya, surtout par leurs conséquences catastrophiques. Le risque est ici décrit par l'articulation de trois composantes que sont l'aléa, la susceptibilité et la vulnérabilité.L'aléa, composante initiale constituée par les précipitations et les mécanismes qui les ont engendrées, est remarquable. En effet plusieurs facteurs se sont conjugués pour produire de très vigoureuses ascendances de l'air sur cette région : un cyclonisme particulièrement puissant pour la saison (une dynamique d'hiver en première partie d'automne associée à un puissant talweg très creusé), affectant de l'air instable en basses couches, air très riche en vapeur d'eau après son survol de la Méditerranée encore chaude en cette saison, et la rare coïncidence d'un très fort gradient de pression et ses isobares orientés sud-nord avec un relief pentu et élevé, persistant plus de 24 heures.À l'ouest du fleuve Var (Préalpes de Grasse), le flux de sud à sud-sud-ouest s'est heurté perpendiculairement aux premiers reliefs proches de la mer orientés ouest-est (1200-1800 m d'altitude), d'où de forts cumuls pluviométriques dépassant 200, voire 300 mm en 24 heures à 20-25 km du littoral, par effet de barrage orographique. À l'est du fleuve Var, la topographie orientée cette fois sud-nord, parallèlement au flux de basses couches, a conduit celui-ci loin vers l'intérieur, avec des vents tempétueux le forçant à se soulever progressivement mais avec puissance jusqu'à la ligne de crête du Mercantour (3000 m d'altitude). Les cumuls mesurés atteignent 513 mm en 24 heures à Saint-Martin-Vésubie et 663 mm (dont 336 mm en 6 heures) au lac des Mesches (bassin versant de la Roya) à 40 km du littoral, par effet de guidage.Autre originalité, les surfaces concernées sont très étendues : on estime à environ 2000 km2 la surface ayant reçu plus de 200 mm, occasionnant des lames d'eau de 50 à près de 100 millions de mètres cubes selon les bassins versants.Les périodes de retour de telles précipitations sont hors norme, en particulier pour Saint-Martin-Vésubie où les 7300 ans sont dépassées selon un ajustement avec la loi de GUMBEL, ou encore 486 à 5276 ans (en fonction du paramètre k) avec une distribution de Valeurs Extrêmes Généralisée (GEV) qui s'avère mieux adaptée. À Tende (bourg), la période de retour atteint 550 ans selon GEV (800 ans selon la loi de GUMBEL). Le poste de Breil-sur-Roya est moins affecté, avec une période de retour inférieure à centennale, les pluies les plus abondantes étant tombées en amont.Des volumes d'eau énormes ont pu s'infiltrer et ruisseler, dans des proportions et à des vitesses très variables selon les conditions rencontrées par les gouttes de pluie à la surface du sol, qui sont déterminées par la seconde composante du risque : la susceptibilité, potentiel de production de crues et de mouvements de terrain faisant suite à de fortes précipitations.Celle-ci a généré des phénomènes d'ampleur variable selon les bassins versants, en fonction de plusieurs paramètres : la superficie, la pédologie, la lithologie, le relief, en particulier les pentes, sans oublier le taux de couverture végétale. C'est la combinaison de ces paramètres qui a fait que la crue engendrée fut plus ou moins importante et rapide. En haute altitude les fortes pentes et des terrains plutôt imperméables et assez dénudés ont permis la genèse de ruissellements vigoureux entraînant une quantité innombrable de glissements de terrains et de ravinements sur les flancs des vallées. Ces derniers sont venus alimenter les rivières et torrents devenus furieux en matériaux solides de toutes dimensions, créant des flots boueux dévastateurs. Si les écoulements ont parfois sapé des pans entiers des berges, ils ont également contribué à combler localement le lit des rivières en l'exhaussant de plusieurs mètres à certains endroits.La combinaison de l'aléa et de la susceptibilité a occasionné un risque majeur au regard de la vulnérabilité des fonds de vallées. En effet, les enjeux y sont forts puisqu'elles concentrent des voies de communication et des populations résidant souvent le long des rivières, voire dans leurs lits majeurs par endroits. Les terrains alluviaux ou fluvioglaciaires, sans cohésion, ont été déblayés par ces crues avec les habitations et infrastructures qui s'y trouvaient. Le bilan humain et socio-économique est très lourd : près de 20 morts, des populations traumatisées, des dizaines de bâtiments et maisons totalement détruits ou rendus inhabitables, des paysages dévastés et métamorphosés, des dizaines de ponts et des kilomètres de routes rayés de la carte.En proposant une grille de lecture, l'exposé de l'articulation intra et inter composantes du risque explique que ces dégâts aient dépassé de loin ceux liés aux habituelles crues automnales méditerranéennes (I. BARRET et al., 1994), ainsi que ce qui pouvait être imaginable en référence à une mémoire collective séculaire. Malgré les vies humaines perdues et les dégâts matériels considérables, la catastrophe aurait pu être pire si, d'une part, les moyens de lutte et de prévention immédiate ne s'étaient aussi bien exprimés et si, d'autre part, il n'avait pas existé de culture du risque, dont le degré est séculairement plutôt élevé chez les populations de ces vallées montagnardes, par rapport aux citadins du littoral azuréen. The exceptional rains of October 2, 2020, which affected the mountains of the Alpes-Maritimes, in southeastern France, will remain marked in the annals of statistics, and particularly in the minds of the inhabitants of the high valleys of the Vésubie and Roya, especially by their catastrophic consequences. The risk is described here by the articulation of three components that are the hazard, susceptibility and vulnerability.The hazard, the initial component consisting of rainfall and the mechanisms that generated it, is remarkable. Indeed, several factors combined to produce very strong air ascents over this region: a particularly powerful cyclone for the season, affecting unstable air in low layers, air very rich in water vapor after its overflight of the Mediterranean still warm in this season, and the rare coincidence of a very strong pressure gradient and its isobars oriented south-north with a steep and high relief, for more than 24 hours. To the west of the Var River (Grasse Pre-Alps), the south to south-southwest flow collided perpendicularly with the first reliefs near the sea oriented west-east (1200-1800 m in altitude), resulting in heavy rainfall totals exceeding 200, even 300 mm in 24 hours at 20-25 km from the coast, due to the orographic barrier effect. To the east of the Var River, the topography, this time oriented south-north, parallel to the low-level flow, led the latter far inland, with stormy winds forcing it to rise gradually but powerfully to the Mercantour ridge line (3000 m altitude). Cumulative rainfall measured reached 513 mm in 24 hours at Saint Martin-Vésubie and 663 mm (including 336 mm in 6 hours) at the Mesches lake (Roya watershed) 40 km from the coast, due to the guidance effect.Another originality is that the areas concerned are very extensive: it is estimated that about 2000 km2 received more than 200 mm, causing water levels of 50 to nearly 100 million cubic meters depending on the catchment area. The return periods of such rainfall are out of the ordinary, especially for Saint-Martin-Vésubie where the 7300 years are exceeded according to an adjustment with a GUMBEL law, or 486 to 5276 years (depending on parameter k) with a distribution of Generalized Extreme Values (GEV) which proves to be better adapted. At Tende (town), the return period reaches 550 years according to GEV (800 years according to a GUMBEL law). The station of Breil-sur-Roya is less affected with a value less than 100 years, the most abundant rains having fallen upstream. Huge volumes of water were able to infiltrate and run off, in proportions and at very variable speeds depending on the behavior of the raindrops on the surface of the ground, which is determined by the second component of the risk: susceptibility, the potential for the production of floods and ground movements following heavy rainfall.This generated phenomena of varying magnitude depending on the watersheds, depending on several parameters that distinguish, as their extent, pedology, lithology, or topography and slopes without forgetting the rate of vegetation cover. It is the combination of these parameters that made the flood generated more or less important and fast. At high altitudes, the steep slopes and the rather impermeable and bare ground allowed for the generation of vigorous runoff leading to an innumerable number of landslides and gullies on the sides of the valleys. These have fed the rivers and streams in fury with solid materials of all sizes, creating muddy devastating flows. If the floods have sometimes undermined entire sections of the riverbanks, they have also contributed to locally filling in the riverbed by raising it by several meters in some places.The combination of hazard and susceptibility has caused a major risk in terms of the vulnerability of the valley bottoms. Indeed, the stakes are high because they concentrate communication routes and populations often residing along the rivers, even in their major beds in some places. The alluvial or fluvioglacial soils, without cohesion, have been cleared by these floods with the houses and infrastructures that were there. The human and socio-economic toll is very high: nearly 20 deaths, traumatized populations, numerous buildings and houses totally destroyed or rendered uninhabitable, devastated and metamorphosed landscapes, dozens of bridges and kilometers of roads wiped out. By proposing an interpretation grid, the presentation of the intra- and inter-component articulation explains that this damage far exceeded that linked to the usual Mediterranean autumn floods (I. BARRET et al., 1994), as well as what could be imagined in reference to a secular collective memory. In spite of the human lives lost and the considerable material damage, the disaster could have been worse, if on the one hand the means of fight and immediate prevention had not been so well expressed, and on the other hand if there had not been a culture of risk, the degree of which is secularly rather high among the populations of these mountain valleys, compared to the city dwellers of the Côte d'Azur coast.[traduction effectuée sur https://www.deepl.com/fr/translator] |
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