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Introduction Depuis l’etude SCAR de 2002, l’erytheme polymorphe (EP) est distingue au plan clinique (cocardes) et physiopathologique (contexte post-infectieux) du syndrome de Stevens–Johnson (SJS, origine medicamenteuse). Il subsiste neanmoins une confusion entre les deux entites, comme en temoignent les EP rapportes (n = 1893 depuis 1985) dans la base nationale de pharmacovigilance (BNPV), soulevant la question de la realite des EP medicamenteux. Nos objectifs etaient de decrire les EP de la BNPV et de comparer la qualite et les caracteristiques des rapports sur 2 periodes. Materiel et methodes Cette etude retrospective a selectionne tous les cas declares d’EP de la BNPV (« Preferred Term » = « EP ») sur 2 periodes: periode 1 (2008–2009), peu apres l’etude SCAR, et periode 2 (2018–2019), plus recente. Les criteres d’inclusion etaient : – un diagnostic d’EP typique cliniquement ou valide par un dermatologue ; – une date declaree de debut de la reaction ; – une chronologie precise des medicaments. Les cas inclus etaient classes en 2 groupes: EP confirmes (cocardes typiques acrales ou mention dans le rapport d’une validation par un dermatologue) et EP douteux (cocardes sans precision semiologique ou topographique, atteinte muqueuse isolee, doute avec SJS). Nous avons decrit les caracteristiques des rapports. Nous avons conclu a un EP possiblement medicamenteux quand l’EP etait confirme, avec delai d’apparition allant de 5 a 28 jours et sans cause non medicamenteuse retrouvee. Resultats Parmi 182 rapports selectionnes (periode 1 n = 97, periode 2 n = 85), 42 (23%) etaient exclus pour donnees manquantes. Cent quarante (77 %) rapports etaient analyses (periode 1 n = 74, periode 2 n = 66). Parmi eux, 67 (48 %) etaient plus probablement un autre diagnostic qu’un EP, dont 35 (25 %) decrits comme des eruptions « polymorphes ». Parmi les 73 EP finalement retenus (periode 1 n = 41, periode 2 n = 32), 36 (49 %) avaient une probable cause non medicamenteuse et 28 (38 %) rapportaient uniquement des medicaments avec un delai d’apparition ≤ 4 jours et/ou ≥ 29 jours. Au total, le diagnostic d’EP possiblement medicamenteux etait retenu dans 9 cas (6 % des rapports selectionnes evaluables). Parmi eux, 3 etaient toutefois peu evocateurs cliniquement, mais confirmes par un dermatologue. En dehors du tetrazepam, aucun medicament n’avait de notoriete a haut risque. Sur la 2e periode, le bilan etiologique etait plus complet qu’en periode 1 (47 % vs 32 %, p = 0,04) et le delai d’apparition de 5 a 28 jours plus frequent (59 % vs 40 %, p = 0,04). Discussion Malgre ses limites (imprecisions des donnees, absence de photographies, delai de 5–28 jours choisi arbitrairement par analogie avec le SJS), cette etude confirme que les EP possiblement medicamenteux sont rares. Beaucoup de rapports concernent des eruptions « polymorphes » conclues EP a tort, ou des EP post-infectieux avec imputabilite erronee de medicaments soumise au biais protopathique. |