Candidose systémique chez le toxicomane immunocompétent

Autor: S. Kammerer-Jacquet, C. Saillard, S. Law-Ping-Man, Alain Dupuy, B. Henriot
Rok vydání: 2016
Předmět:
Zdroj: Annales de Dermatologie et de Vénéréologie. 143:S339-S340
ISSN: 0151-9638
DOI: 10.1016/j.annder.2016.09.529
Popis: Introduction La candidose systemique du toxicomane se distingue des formes de l’immunodeprime par une atteinte cutanee particuliere et son origine specifique a C albicans. Les localisations oculaires et osteoarticulaires en font le pronostic. Observation Un toxicomane de 45 ans etait vu en consultation pour une eruption pustuleuse douloureuse du cuir chevelu et de la barbe. Quatre jours auparavant, il s’etait injecte de la buprenorphine par voie intraveineuse. Immediatement apres, etaient apparus une fievre et des frissons spontanement resolutifs en 48 heures. L’examen relevait des nodules et pustules du cuir chevelu et de la barbe sans autre atteinte extracutanee. Les serologies et les hemocultures fongiques etaient negatives. Le diagnostic etait confirme grâce a une biopsie cutanee d’un nodule du cuir chevelu : presence de C. albicans a la culture et de spores dans la tige pilaire, avec un aspect de folliculite. En l’absence de traitement par defaut de compliance, une guerison spontanee avec alopecie cicatricielle etait observee a j30. Discussion Cette entite est definie par la phase initiale d’une duree de quelques jours, dite septicemique, qui survient immediatement apres l’injection ; la deuxieme phase est caracterisee par une atteinte cutanee precoce associee a la survenue tardive de localisations secondaires. L’atteinte cutanee quasi-constante est definie par l’apparition rapide de nodulo-pustules situes electivement dans les zones pileuses (cuir chevelu, barbe, aisselles, pubis). L’atteinte oculaire, frequente et souvent unilaterale, peut toucher tous les segments. Son pronostic est fonctionnel avec une possible baisse d’acuite visuelle sequellaire. L’atteinte osteoarticulaire est plus rare. C. albicans est la seule espece isolee, contrairement aux candidoses systemiques de l’immunodeprime. Il est le plus souvent retrouve sur une culture ou a l’histologie d’une localisation cutanee. Les hemocultures sont rarement positives. Le caractere profond de l’atteinte cutanee respectant l’epiderme et les localisations viscerales temoignent d’une dissemination hematogene transitoire. Le mecanisme du tropisme pilaire reste inexplique. L’atteinte cutanee peut etre resolutive spontanement, avec alopecie cicatricielle. Le traitement repose sur les imidazoles per os, voire l’amphotericine B pour les formes graves. Cette candidose disseminee a ete decrite dans les annees 1980 lors d’une epidemie chez des toxicomanes utilisant du jus de citron pour dissoudre de l’heroine brune, favorisant la presence de C. albicans. Dans notre cas, il peut s’agir d’une contamination de l’eau bouillie puis laissee a temperature ambiante ayant servi a la dissolution de la buprenorphine. Conclusion Cette candidose pilaire est a connaitre par sa presentation cutanee singuliere, la rentabilite diagnostique de la biopsie cutanee et les potentielles localisations viscerales. Elle doit etre systematiquement recherchee devant des folliculites ou nodules des zones pileuses chez un toxicomane.
Databáze: OpenAIRE