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Introduction Le lacosamide (LCM) est un medicament antiepileptique de nouvelle generation qui ameliore l’inactivation lente d’un canal sodique voltage-dependant. Dans les etudes pilotes la diplopie, les nausees, les maux de tete et les vertiges etaient les effets secondaires les plus frequents, tandis que les reactions cutanees etaient tres rares. Nous rapportons le premier cas d’erytheme pigmente fixe bulleux a elements multiples associe a la prise de LCM. Observations Un homme de 24 ans se presentait avec une epilepsie du lobe temporal recemment diagnostiquee. Les crises consistaient en une perte de conscience, des automatismes oro-alimentaires et des troubles de la parole. Les antecedents medicaux ne revelaient que la consommation de tabac et de cannabis. Une video-EEG enregistrait une crise d’origine bi-temporale. Il avait deja ete traite avec de la lamotrigine, puis du levetiracetam, bien toleres mais ne maitrisant pas les convulsions. La LCM etait alors initiee a 50 mg deux fois par jour, tandis que le levetiracetam etait diminue a 500 mg deux fois par jour. Le patient ne prenait aucun autre nouveau medicament. Dix jours apres le debut de la LCM (3 mois apres le debut du levetiracetam), il presentait une eruption bulleuse bilaterale erythemateuse, limitee et bordee, non prurigineuse sur le tronc et les bras. L’histologie etait en faveur d’un erytheme pigmente fixe bulleux. Le bilan biologique etait normal. Un diagnostic d’EPF due a la LCM etait pose. Le traitement par LCM etait arrete avec regression de l’eruption en une semaine laissant une cicatrice pigmentee. Discussion A notre connaissance, il s’agit du premier cas rapporte d’erytheme pigmente fixe du a la LCM. Les medicaments antiepileptiques presentant des structures aromatiques (phenytoine, carbamazepine, oxcarbazepine et phenobarbital) et la lamotrigine sont frequemment associes a des eruptions cutanees, avec un risque relatif pouvant atteindre 10–15 %. Ils sont l’un des premiers medicaments responsables de DRESS. Des reactions cutanees liees au LCM ont rarement ete decrites (eruptions cutanees benignes) : un cas dans les essais pivots en LCM et 2 cas post-commercialisation ont ete publies a ce jour. Les EPF, en particulier les formes bulleuses et generalisees, sont une allergie medicamenteuse rare mais potentiellement mortelle. Avec une mortalite estimee a 22 % dans la forme bulleuse generalisee, l’EPF se presente classiquement comme une lesion erythemateuse entouree qui se reproduit sur le meme site apres reintroduction du medicament inducteur. La physiopathologie est mal comprise mais est consideree comme une reaction immunitaire induite par un medicament initie par des lymphocytes cytotoxiques CD8 avec la granulysine comme mediateur important. Conclusion En conclusion, nous rapportons un homme de 24 ans avec un EPF multiple induit par LCM dix jours apres l’exposition au traitement. Les neurologues doivent savoir que le LCM peut etre une cause rare d’EPF. |