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Introduction Le recours medicamenteux pour reduire la consommation d’alcool des patients dependants existe : a la fois agoniste partiel et antagoniste des recepteurs opioides, le nalmefene (SELINCRO ® ) est autorise en Europe depuis fevrier 2013. Nous rapportons une serie de 7 cas de syndrome de sevrage severe aux opiaces observes a l’introduction du nalmefene chez des patients beneficiant par ailleurs d’un traitement de substitution. Tous semblent resulter d’une erreur de prescription. Materiel et methodes Selection des dossiers codant une exposition humaine au nalmefene et rapportant des effets significatifs dans la base nationale des cas d’intoxication (BNCI). Les patients etaient documentes par le suivi medical des centres antipoison. Synthese. Bibliographie. Resultats De septembre 2014 a decembre 2015, les CAP ont donne avis et conseil en urgence pour le diagnostic et le traitement de 7 cas similaires observes au decours direct de la premiere prise de nalmefene : 6 hommes et une femme, de 34 a 54 ans, traites par methadone (5 cas, 40 a 120 mg.j −1 ) ou par buprenorphine (2 cas, 8 mg.j −1 ), ont presente dans un delai de 15 min a 1 heure (delai inconnu dans un cas) un tableau evocateur d’un syndrome de sevrage aux opiaces associant des signes digestifs (diarrhees [5/7], nausees ou vomissements [5/7]), des signes neurologiques ou neurosensoriels (etat d’agitation [4/7], tremblements [4/7], hypertonie [3/7], angoisse [2/7], dyskinesie [1/7], hallucination [1/7], sensation de manque spontanement exprimee [1/7]). Une hypokaliemie moderee est retrouvee chez 3 patients vomisseurs ; un a presente des complications cardiovasculaires [hypokaliemie a 3,1, torsade de pointe sur allongement du Qtc, bradycardie a 40]. Les tableaux observes chez les patients traites par methadone s’averent plus severes que ceux traites par buprenorphine (3 cas PSS = 3 sur 5, versus 2 cas PSS Conclusion Ce syndrome de sevrage precoce et souvent intense s’explique par la partie du mecanisme d’action intrinseque du nalmefene qui antagonise par competition les recepteurs opioides μ et δ. Fonction du rapport dose/recepteurs impliques, l’interaction avec les recepteurs limite voire bloque les effets agonistes opioides meme partiels en cours, dont ceux induits par la methadone et la buprenorphine. Les mesures reglementaires comme la mise a jour de l’autorisation de la mise sur le marche de Selincro ® (renforcement des contre-indications en y incluant les therapeutiques de substitution aux opiaces) sont incontournables, mais ne permettent qu’une limitation des erreurs de prescription. D’une maniere generale, l’integration du profil du patient dans sa globalite–incluant les therapeutiques et les consommations en cours–aux mecanismes d’actions d’une molecule prescrite reste un fondement des bonnes pratiques medicales. |