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L’article explore les liens entre la sociologie et la geopolitique electorales, a partir de la question de l’intermittence du vote communautaire dans la victoire du Rassemblement Democratique du Peuple Camerounais (RDPC) a l’election presidentielle du 7 octobre 2018. Ce vote intermittent (Jardin, 2014) est un vote communautaire irregulier selon les scrutins et les territoires. Il s’agit d’emprunter une demarche d’analyse geopolitique pour en saisir la construction au Cameroun. Cette irregularite depend d’abord d’un abstentionnisme differentiel defini comme « le constat d’un ecart d’une difference de mobilisation entre electorats » (Dolez, 2004 : 671). Cette intermittence integre aussi des strategies territorialisees du parti au pouvoir pour controler le vote local. En mobilisant la periode entre les elections presidentielles de 2011 et de 2018, le double scrutin legislatif et municipal du 30 septembre 2013 servira ensuite d’etalon pour ressortir une discontinuite du vote communautaire en faveur du parti au pouvoir en octobre. Des donnees recueillies par Elections Cameroon (ELECAM) a plusieurs niveaux d’analyse (departement, region, pays, etranger) seront en outre completees par une analyse critique des discours autour de cette victoire tires des entretiens, d’une veille mediatique et de la litterature scientifique sur la question. Notre contribution s’attachera d’abord a presenter le role de la periodicite du vote communautaire dans l’importation d’une geopolitique electorale au Cameroun, en partant de la presidentielle de 2018. Apres avoir decrypte une sociologie de ce vote partisan a l’epreuve des crises camerounaises en 2018, notre reflexion s’achevera par une analyse geopolitique des continuites et discontinuites territoriales de l’intermittence du vote communautaire acquis au parti au pouvoir. Dans cette perspective, l’irregularite du vote ethnique exprime un vote strategique pluriel. Le vote communautaire intermittent demontre que le recours a un raisonnement geographique n’est pas contradictoire, mais complementaire aux lectures socio-anthropologiques du vote en Afrique. |