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Depuis quelques années, sous couvert d’assurer efficacement le bien de la collectivité et de chacun de ses membres, la pratique du nudging s’est répandue de manière exponentielle dans les politiques de gouvernance de nombreuses organisations tant publiques que privées. Le nudging consiste à infléchir les choix et les comportements des nudgés dans le sens voulus par les nudgeurs, sans que les premiers puissent opposer une réelle résistance. En dépit de l’idéologie qu’il affiche, qualifiée par ses promoteurs de « paternalisme libertarien », et de sa prétention à laisser aux nudgés la liberté de leurs choix, les dispositifs factitifs qu’il met au point s’avèrent, à l’analyse, obéir à des principes exactement contraires. L’approche socio-sémiotique et interactionnelle proposée ici en démonte les principaux mécanismes, et ce faisant, s’efforce d’en démontrer la vraie nature : Parce que tout nudge exploite la régularité et la prévisibilité des automatismes et des engrammes (les « biais cognitifs ») recensés et scientifiquement démontrés par les économistes du comportement, il se révèle être une opération de nature totalement programmatique, en ce qu’elle fait fi de la compétence modale (volitive et cognitive) des sujets ciblés et les réduit à des non-sujets, voire à de simples objets. Et parce qu’il fait appel à la dissimulation, au simulacre et au leurre, il s’apparente très fortement aux stratagèmes, aux ruses et aux dispositifs du type « pièges ». In fine, le régime de sens dont il relève est celui de l’insiginifiance, et son régime d’interaction celui d’une variante manipulatoire de la programmation. |