Ostéonécrose de la mâchoire induite par le dénosumab : une infection ostéoarticulaire complexe émergente ?

Autor: Christian Chidiac, R. Bricca, Florent Valour, A. Gleizal, P. Breton, P. Jaby, Jean-Thomas Bachelet, Tristan Ferry, Anne Conrad, Evelyne Braun
Rok vydání: 2019
Předmět:
Zdroj: Médecine et Maladies Infectieuses. 49:S82
ISSN: 0399-077X
DOI: 10.1016/j.medmal.2019.04.216
Popis: Introduction L’osteonecrose de la mâchoire (ONM) est une complication bien connue des traitements anti-resorptifs, tels que les biphosphonates. Plus recemment, le denosumab a ete valide dans le traitement de l’osteoporose et des metastases osseuses. Son mecanisme d’action differe de celui des biphosphonates mais entraine aussi la diminution de la resorption osseuse et engendre un risque d’ONM. En cas d’echec de prise en charge initiale par le chirurgien-dentiste ou dans les cas complexes, les patients peuvent etre adresses en centre de reference des infections osteo-articulaires complexes (CRIOAc). L’objectif de cette etude est d’analyser la microbiologie et la prise en charge medico-chirurgicale des patients presentant une ONM induite par le denosumab pris en charge dans un CRIOAc. Materiels et methodes Tous les patients pris en charge dans notre CRIOAc entre janvier 2013 et decembre 2018 pour une ONM induite par le denosumab ont ete inclus dans une cohorte retrospective observationnelle monocentrique. Resultats Treize patients (âge median 71 ans ; ratio H/F 0,62) presentant une ONM induite par le denosumab (contexte de cancer metastatique, n = 10 (77 %)) de grade 3 (n = 5), 2 (n = 4), 1 (n = 3) ou 0 (n = 1) ont ete inclus. Seuls 4 patients (31 %) ont beneficie d’une remise en etat bucco-dentaire prealable au traitement par denosumab et 8 patients (62 %) ont eu un geste chirurgical endo-buccal precedant l’osteonecrose. Onze patients avaient une exposition osseuse (dont 5 expositions multiples), beneficiant au minium d’un curetage chirurgical avec fermeture muqueuse dans le meme temps. Toutes les infections documentees (n = 12 (92 %)) etaient polymicrobiennes, incluant 9 (75 %) a Streptococcus spp, 9 (75 %) a anaerobies dont 3 (25 %) a Actinomyces, 6 (50 %) a Staphylococcus spp, 5 (42 %) a enterobacteries, 4 (33 %) a Candida spp, 2 (17 %) a BGN non fermentant et 7 (58 %) a d’autres bacteries. L’antibiotherapie couvrait systematiquement l’Actinomyces excepte pour 1 patient. Tous les patients (n = 13) ont recu une betalactamine, 9 (69 %) une lincosamide ou synergistine, 6 (46 %) un antifongique, 5 (38 %) du metronidazole, 4 (31 %) une fluoroquinolone, 3 (23 %) un glycopeptide et 2 (15 %) d’autres antibiotiques. Le suivi median etait de 5,5 mois a partir de l’arret de l’antibiotherapie. Neufs patients ont gueri apres une prise en charge chirurgicale et une antibiotherapie d’une duree mediane de 105 jours (dont 28,5 en IV), parmi lesquels 2 ont necessite plus d’une operation. Deux patients ont necessite une antibiotherapie suppressive, 1 a recidive a distance de l’arret des antibiotiques et 1 est decede d’une autre cause durant le traitement. Conclusion L’ONM induite par le denosumab est potentiellement une IOA complexe, pour laquelle certains patients pourraient beneficier d’une prise en charge au sein d’un CRIOAc.
Databáze: OpenAIRE