Un cas d’intoxication avec une cathinone substituée : la N-éthylhexedrone

Autor: Chloé Bruneau, Séverine Férec, Chadi Abbara, M. Deguigne, Guillaume Drevin, Patricia Compagnon, Bénédicte Lelièvre
Rok vydání: 2020
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Zdroj: Toxicologie Analytique et Clinique. 32:S46-S47
ISSN: 2352-0078
Popis: Objectif Les nouvelles drogues de synthese dont les cathinones sont de plus en plus consommees pour leurs effets stimulants et entactogenes [1] . D’apres le rapport de l’OEDT publie en 2019, 138 cathinones ont ete repertoriees depuis 1997 en Europe. Des cathinones substituees, comme la N-ethylhexedrone (NEH), ont fait leur apparition depuis quelques annees. Nous decrivons le cas d’un homme ayant consomme a plusieurs reprises de la NEH sur 3 jours, son evolution clinico-biologique et sa prise en charge medicale. Methode Un homme de 39 ans avec des antecedents de syndrome depressif et de polytoxicomanie se presente aux urgences le mardi matin. Il dit avoir consomme du samedi au lundi matin de la NEH qui se presente sous la forme d’une poudre blanche cristalline. La dose totale supposee ingeree est de 1 g par voie sublinguale. Il se plaint d’une douleur buccale et linguale. L’examen clinique retrouve une anxiete, une agitation, un tremblement des extremites, une langue erythemateuse sans lesion ou œdeme. L’examen neurologique et cardiovasculaire est normal (TA 120/80 mmHg, FC 80–85/min, ECG normal). Aucune anomalie biologique n’est constatee. Le patient est simplement surveille pendant moins de 24 h et evolue favorablement en dehors d’une legere agitation psychomotrice persistante. Une recherche toxicologique large est effectuee sur tous les echantillons (sang, urine recueillie dans les 24 heures apres la derniere prise, reste de poudre) par LC-UV et par GC-MS avec ou sans derivation par HFBA. Des prelevements capillaires n’ont pas ete realises suite au refus du patient. Une methode quantitative a ete developpee par LC-MS/MS en mode ESI+ et MRM (220,2 > 202,0 ; 220,2 > 146,0). Apres precipitation des proteines avec du methanol (2/3, v/v) puis dilution ¼ dans l’eau, l’analyse chromatographique 2D (volume injecte : 10 μL) est effectuee par piegeage sur precolonne Strata-X (25 μm on-line extraction 20 × 2 mm) et separation sur colonne Kinetex Phenyl-Hexyl (2,6 μm, 100 × 3 mm). Le gradient d’elution est un melange 90/10 de formiate d’ammonium (2 mM)–0,2 % d’acide formique dans l’eau et dans l’acetonitrile, puis 65/35 en 8,5 min et 10-90 en 0,5 min. Resultats Les analyses ont confirme la presence de NEH et de metabolites dans les prelevements plasmatique (concentration inferieure a 10 ng/mL), urinaire (4810 ng/mL) ainsi que dans la poudre (purete de 60 %). Conclusion Kovacs et al. [2] rapportent des concentrations sanguines de NEH comprises entre 10,2 et 83,9 ng/mL (moyenne : 28,3 ng/mL, N = 1006 prelevements). En l’absence de donnee pharmacocinetique concernant la NEH, il est difficile d’extrapoler la dose ingeree par le patient. D’apres les sites d’utilisateurs, les doses generalement consommees sont comprises entre 5 et 50 mg, par voie intranasale ou orale ( www.psychonaute.org ). Les effets, apres une prise orale, debutent 20–25 minutes apres la prise et sont maximaux apres 1 h environ. Ils sont de differents types : sensation d’augmentation de l’energie physique, euphorie, acceleration de la pensee, augmentation de la motivation, de la concentration et de l’empathie, distorsion du temps, desinhibition.. Cependant, des effets adverses sont egalement possibles : deshydratation, hypersudation, vasoconstriction, augmentation de la frequence cardiaque et de la pression arterielle, bruxisme.. Lors de la phase de descente, il a ete decrit une persistance de la tachycardie et l’apparition d’un etat depressif, une anxiete, une irritabilite, une insomnie et une fatigue cognitive. Ce cas illustre les effets associes a la consommation cumulee importante de NEH sur 3 jours et leur persistance dans le temps.
Databáze: OpenAIRE