Les enfants dans Germinal, L'Assommoir et Nana: Fruits pourris de la dégénérescence

Autor: Florina Matu
Rok vydání: 2009
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Zdroj: Romance Notes. 49:239-246
ISSN: 2165-7599
DOI: 10.1353/rmc.2009.0021
Popis: DANS la conception de ses personnages Zola a combine sa curiosite semblable a celle d'un savant, d'un specialiste en sciences naturelles, biologiste et evolutionniste, et le determinisme, c'est-a-dire la pression de l'heredite, du milieu et des circonstances sur le developpement des individus. A travers la lecture, on remarque nettement la prefiguration des personnages soumis a un destin implacable. Ils sont le produit d'une combinaison de deux elements completement opposes : l'heredite et l'inneite. De plus, ils sont degeneres. Mais qu'est-ce que la degenerescence ? Tout d'abord, une idee qui a l'epoque dans laquelle a vecu Zola a domine la psychiatrie francaise. Une definition plus claire serait celle proposee par Michel Gourevitch "contrairement a l'atavisme, l'heredite pathogene, celle qui rend malade, n'est pas la conservation des qualites anciennes, c'est au contraire leur decheance, le descendant devient aliene. C'est donc une degenerescence" (123). Qu'il s'agisse de Nana ou de Jeanlin, images du vice, de Louiset, exacerbation des tares hereditaires, de Lalie ou d'Alzire, victimes impuissantes du milieu et des circonstances, le determinisme se trouve partout dans les romans de Zola. Mis en contraste avec les adultes, ces enfants sont tres lucides quand il s'agit d'interpreter ce qu'ils observent dans leur milieu. Cet article va demontrer que les enfants, loin d'etre des personnages secondaires, des annexes, jouent un role important dans le spectacle naturaliste. C'est-a-dire qu'ils sont la pour confirmer la decadence physique et morale de l'etre humain a tous les niveaux, la prefiguration de la vie ou la corruption sait s'infiltrer profondement des la naissance sinon avant la conception. On verra comment leur innocence est pourrie et corrompue sous le poids ecrasant des tares hereditaires et de leur milieu originaire. Jeanlin, le garcon de onze ans des Maheu, porte les signes de la degenerescence dans son corps et dans sa personnalite. Il est "petit, les membres greles, avec des articulations enormes, grossies par des scrofules "(Germinal 63). Son visage caricatural est complete par" son masque de singe blafard et crepu, troue de ses yeux verts, elargi par ses grandes oreilles" (63). Il s'inscrit dans la lignee des "enfants pitoyables, avec leur chair de cire, leurs cheveux decolores, la degenerescence qui les rapetissaient, ronges d'anemie, d'une laideur triste de meurt de faim" (Germinal 142). Son aspect grotesque connait une nouvelle decheance apres l'accident dans la mine; il survit mais il n'en reste qu' "un pauvre petit corps d'une maigreur d'insecte, souille de poussiere noire" (Germinal 245). A travers ce phenomene de devolution de "singe" a "insecte", il devient alors un symbole triste "d'une race de miserables avec sa chair si bleme, si transparente, qu'on voyait les os" (Germinal 256). Cote personnalite, il est un petit dictateur qui se fait des autres enfants ses esclaves. Avec Lydie, il pratique en cachette l'amour qu'ils entendaient et voyaient chez eux, ce qui met en evidence l'influence du milieu sur leur comportement. La fillette n'ose pas s'opposer a ses manifestations precoces du vice. Au contraire, "elle eprouvait devant Jeanlin une peur et une tendresse de petite femme battue", tout comme les autres femmes du coron, obligees par une sorte de tradition de se soumettre au pouvoir masculin dans des endroits obscurs ou le romantisme est remplace par la satisfaction des besoins charnels d'une maniere animaliere (Germinal 174). Comme un aboutissement des ressources malefiques de l'enfant, Etienne le voit, epouvante, en posture d'assassin. Pareil a "une bete rampante et aux aguets", Jeanlin enfonce un grand couteau dans la gorge d'un soldat (Germinal 475). Crime sans raison, pense Etienne, furieux contre le garcon. La reponse de celui-ci : "je ne sais pas, j'en avais envie" et ajoute combien cette envie la tourmentait et lui faisait mal a la tete depuis trois jours (Germinal 476). …
Databáze: OpenAIRE