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L'homocysteinemie, meme legere, est un indicateur de risque de maladies cardiovasculaires. Elle semble bien augmenter avec la consommation d'alcool. Mais les donnees sont contradictoires en fonction du type d'alcool, de la population consideree et probablement de la quantite d'alcool consommee (selon une courbe dite en J). Il existe d'autre part une relation inverse entre le niveau de folates circulants et l'homocysteinemie, qui se comprend par le role de l'acide folique dans la remethylation de l'homocysteine (hcy) en methionine. C'est la voie principale d'elimination de l'hcy (avec la vitamine B12 comme cotransporteur), l'autre etant la transsulfuration vers la cystathionine, operee grâce a la vitamine B6. Pour avancer dans la connaissance des facteurs en cause, on a recherche une association entre homocysteinemie et apport d'alcool chez 1 196 femmes et hommes de 40 a 60 ans, en differenciant les grands types de boissons alcoolisees. Ces sujets sont issus de la population de volontaires de l'etude SUVIMAX, etude d'intervention sur les effets de la supplementation en vitamines et mineraux antioxydants sur les maladies degeneratives. L'homocysteinemie (tHcy) et les folates erythrocytaires ont ete mesures ; la quantite et le type d'alcool consomme, la quantite de cafe, l'apport en energie et en vitamines B6, B12, et les folates ont ete estimes par 6 rappels alimentaires. L'analyse des resultats indique que la consommation totale d'alcool est associee positivement avec tHcy dans les 2 sexes (p < 0,05) avec la consommation de vin (p = 0,01) chez les femmes, et avec celle de biere chez les hommes (p = 0,002): cette derniere relation s'inverse si l'on isole ceux qui ne boivent que de la biere (et pas de vin). On constate d'autre part que la qualite du statut biologique en folates augmente avec la consommation de vin chez les hommes (p = 0,07). Il y a donc une apparente contradiction dans ces resultats, qui pourrait s'expliquer de la facon suivante: le vin est consomme en quantite beaucoup plus importante que la biere chez les hommes de cette cohorte; les consommateurs de biere qui boivent aussi du vin sont donc de plus forts consommateurs de boissons alcoolisees que les simples buveurs de biere: on peut des lors comprendre que le statut en folates - meme de niveau satisfaisant - ne puisse, compte tenu de la proportion importante de ces forts consommateurs, suffire a reduire de facon significative l'homocysteinemie de l'ensemble du groupe L'effet preventif des folates pourrait donc suivre aussi une courbe en J et n'exister que lorsque la consommation d'alcool est moderee, ce qui est par exemple le cas pour les seuls consommateurs de biere. |