PvVIH incarcérées : qui sont-elles ? que deviennent-elles ?

Autor: V. About, A. Lucarelli, Alice Merceron, Mathieu Nacher, A. Pastre, F. Huber, Timothée Bonifay
Rok vydání: 2019
Předmět:
Zdroj: Médecine et Maladies Infectieuses. 49:S150
ISSN: 0399-077X
Popis: Introduction Les anciens detenus cumulent des vulnerabilites socio-economiques, qui compromettent le retour dans le suivi et le pronostic vital. Neanmoins, a notre connaissance, peu de publications anterieures aux notres s’etaient interessees au pronostic post-carceral des pvVIH en Europe ou en Amerique du Sud, la litterature sur ce sujet etant quasi-exclusivement nord-americaine. La Guyane Francaise est le departement francais le plus touche par le VIH. En 2014, 3,9 % des detenus etaient concernes. La problematique carcerale est loin d’y etre marginale, puisqu’on estime que 4,5 a 5 % des pvVIH vivant en Guyane ont connu un episode d’incarceration entre 2007 et 2013. Materiels et methodes Nous avons decrit le profil de des pvVIH incarcerees en Guyane Francaise, en le comparant aux autres detenus et aux pvVIH suivies en milieu hospitalier. Puis, nous avons realise une etude de cohorte retrospective incluant tous les pvVIH liberees entre 2007 et 2013, apres une incarceration d’un mois ou plus, afin de documenter la mortalite et le retour dans le soin. Des analyses multivariees ont ete effectuees, afin d’explorer les facteurs de risque de deces, et de retour dans le suivi apres la liberation. Resultats Les PvVIH incarcerees en Guyane Francaise presentaient des facteurs de vulnerabilite socio-sanitaire superieurs aux autres detenus, couples a des co-morbilites superposables aux pvVIH suivies en milieu hospitalier. Le delai de retour dans le soin apres la liberation etait plus court pour les patients sous ARV : mediane 1,5 mois, versus 9,1 mois chez les personnes sorties sans traitement (p En analyse multivariees, etre sous ARV au moment de l’incarceration index etait le facteur le plus fortement associe a un maintien du suivi dans l’annee suivant la liberation : IRR 1,9 (1,2–3,0), alors que le fait d’avoir ete depiste VIH durant la derniere incarceration etait fortement pejoratif : IRR 0,3 (0,1–0,8). L’incidence de mortalite etait majeure chez les hommes, soit 44,2/1000 personnes-annees. Rapporte a la population masculine guyanaise de meme âge, le ratio standardise de mortalite masculine etait a 14,8. L’âge et le niveau de CD4 a la sortie etaient les 2 facteurs correles au deces, apres analyses multivariees. Conclusion Nos resultats paraissent coherents avec les publications nord-americaines. Si le traitement ARV favorise le retour dans le soin, le delai avant la 1° consultation ambulatoire est generalement long, favorisant les ruptures therapeutiques. En outre, une proportion importante des pvVIH ne revient pas dans le suivi ambulatoire. La mortalite post-carcerale des pvVIH semble un phenomene majeur, avec une incidence proche de celles rapportees avant l’issue des tritherapies, ce que confirme une etude Nord-americaine ulterieure (Loeliger, Lancet HIV, 2018). Dans nos 2 etudes, les facteurs de risque de deces etaient les memes que ceux rapportes avant les tritherapies (âge et niveau de CD4). La preparation des sorties et l’accompagnement socio-sanitaire est un enjeu majeur pour les pvVIH incarcerees, qui constituent une population fortement precarisee.
Databáze: OpenAIRE