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On ne saurait trop rappeler aux decideurs publics que la nuance subtile entre croissance du produit interieur brut (PIB) et progression du bien-etre ne date pas d’hier. L’inventeur du PIB, Simon Kuznets, prevenait deja en 1934 que « la mesure du revenu national peut difficilement servir a evaluer le bien-etre d’une nation ». Dans un contexte de poursuite de la croissance du PIB par habitant, la double crise de l’ecosysteme et des inegalites economiques et sociales qui s’est ouverte depuis une trentaine d’annees, soulignant de facon flagrante les limites conceptuelles et methodologiques du PIB comme agregat de mesure du « bonheur » dans nos societes d’opulence, n’a pourtant pas remis en cause la place importante qu’il occupe dans le discours politique et la conduite de la politique economique. Et pourtant celle-ci est presque anachronique au regard, d’une part, d’une reflexion deja bien engagee sur la construction de nouveaux indicateurs complementaires ou alternatifs au PIB et, d’autre part, d’une legitimite renforcee des theses contestant la soutenabilite de sa croissance dans la logique du modele liberal-productiviste qui a marque les deux derniers siecles depuis le debut de la premiere revolution industrielle. |