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L’observation sociologique revele qu’en France la nature, telle qu’elle apparait a travers les cadres qui en organisent la protection, loin d’etre un objet d’accord entre les individus ou les groupes sociaux, est au contraire l’objet de tensions, de rivalites, d’antagonismes tres forts susceptibles de deboucher sur la violence. Ceux-ci apparaissent lies a des mecanismes d’appropriation difficiles a objectiver dans la mesure ou ils sont generalement interpretes dans des logiques meme d’opposition ou de tension. En ce sens, la question de la nature apparait fondamentalement de nature politique. L’article s’efforce d’analyser les arriere-plans susceptibles d’eclairer cette specificite en particulier a la lumiere d’autres traditions culturelles, anglo-saxonne ou japonaise. Il fait ressortir la facon dont plus que d’autres cultures, la culture francaise s’est construite dans une recusation de la sensibilite, de l’emotion, de la subjectivite comme realite partagee source de valeurs et moteur d’action au profit d’une rationalite supposee organiser la vie collective — et la connaissance que l’on en a a travers les sciences sociales —, qui trouve son expression dans des montages a la fois discursifs et institutionnels qui ont pour fonction de mettre l’individu entre parenthese au profit du collectif, ces cadres discursifs etant supposes en assurer la maitrise. La nature apparait comme un revelateur particulierement pertinent de ce montage culturel et des difficultes qui y sont associees, en particulier de la facon dont il fait obstacle a d’autres approches fondees sur d’autres registres comme l’initiative et l’innovation personnelle et collective, la participation sociale, la responsabilite individuelle ou plus generalement, l’ethique. |