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Introduction L’insuffisance renale aigue (IRA) est une maladie complexe, frequente, dont les manifestations varient d’une augmentation de la creatininemie a une insuffisance fonctionnelle totale. Meme si des traitements de soutien existent, le recours a l’epuration extrarenale (EER) est parfois inevitable, et le taux de mortalite reste eleve (60 %) [1] , [2] . De nombreuses etudes chez l’homme, et quelques rares en medecine veterinaire, cherchent a determiner le moment optimal d’initiation des sessions d’EER [3] et a identifier des facteurs pronostiques [4] . Les objectifs de cette etude etaient d’abord de decrire la population, les donnees cliniques et paracliniques, les causes, et le devenir de chiens atteints d’IRA hospitalises en soins intensifs et necessitant une EER. Elle vise egalement a determiner des facteurs pronostiques, simples, disponibles a l’admission ou au cours de l’hospitalisation. Materiel et methode Etude retrospective portant sur des chiens hospitalises ayant recu au minimum une session d’EER entre 2012 et 2015. Des donnees manquantes ou des images echographiques en faveur d’une insuffisance renale chronique etaient les criteres d’exclusion. Les donnees analysees incluaient le signalement, le poids d’admission, le delai de refere, la duree d’hospitalisation, le delai avant la premiere seance et le nombre de sessions d’EER, la cause de l’IRA, la diurese, les resultats des bilans sanguins, le devenir et la cause de la mort. Un nouveau parametre, le DeltaCreat/h, a ete defini comme la difference entre la creatininemie apres la session d’EER N et avant la session N + 1, divise par le temps entre les deux sessions. Un catheter de dialyse a ete insere dans une veine jugulaire par une technique de Seldinger modifiee. Les traitements, l’initiation ou non d’une seance d’EER et le taux d’ultrafiltration net etaient a la discretion du clinicien. Resultats Quarante-trois chiens remplissaient les criteres d’inclusion, 4 ont ete exclus pour un total final de 39. L’âge et le poids medians etaient de 4,4 ans, et de 26,6 kg respectivement. La duree mediane d’hospitalisation etait de 8 jours, et le nombre median de seances d’EER de 3. Les deux principales causes d’IRA necessitant une EER etaient la leptospirose (74,4 %) et les nephrotoxiques (15,3 %). Le taux de mortalite etait de 47 %, dont 50 % d’euthanasies. A l’issue de l’hospitalisation, la creatininemie mediane etait de 200 μmol/L, et 55 % des chiens avaient une azotemie faible (creatininemie = 240 μmol/L). Les survivants etaient plus jeunes (4 vs. 5,4 ans ; p = 0,04), avaient une diurese superieure a l’admission (0,5 vs. 0 mL/kg/h ; p = 0,01) et une duree d’hospitalisation plus longue (10 vs 4 jours ; p = 0,0001). Le nombre de sessions d’EER (odds ratio [OR] = 5,1), la kaliemie (OR = 1,9), la diurese (OR = 0,2), la duree d’hospitalisation (OR = 0,4) et la variation de creatinine intersession, DeltaCreat/h (OR = 1,2) etaient correles a la mortalite. L’analyse des courbes ROC revelait que les facteurs pronostiques ayant les meilleures caracteristiques etaient la diurese (sensibilite = 69 %, specificite = 90 %, cut-off a 1 mL/kg/h, AUC = 0,9), et le DeltaCreat/h (sensibilite = 92 %, specificite = 63 %, AUC = 0,8). Ainsi pour chaque augmentation de la diurese de 1 mL/kg/h, le risque de deces diminuait de 77 % tandis qu’une augmentation de 1 mmol/h de DeltaCreat/h augmentait le risque de deces de 20 %. Discussion Le nombre de patients, anuriques a l’admission, peut expliquer un taux de mortalite superieur aux donnees publiees [2] . La diurese a une valeur pronostique a partir du troisieme jour, et est inversement correlee a la mortalite. Ainsi, le suivi en hospitalisation de la diurese est un parametre essentiel, puisqu’elle peut etre reflet de lesions renales plus severes. Malgre une absence de lien statistique direct entre la survie et les delais de refere ou d’initiation de l’EER, le fait que l’anurie ressorte comme parametre pejoratif doit inciter le clinicien a sa prise en charge precoce pour ameliorer les chances de survie [1] . Les autres facteurs de risque mis en evidence correspondent aux donnees de la litterature [2] , [3] , [4] . Le DeltaCreat/h constitue un nouveau parametre pronostique dont l’utilisation necessite d’autres etudes. Conclusion Notre population est essentiellement constituee de mâles d’âge et de poids moyen, dont la cause de l’IRA est le plus souvent une leptospirose ou des nephrotoxiques. Des l’admission, la diurese est significativement superieure chez les survivants, l’anurie etant un facteur pejoratif. Apres la premiere dialyse, le DeltaCreat/h constitue un facteur pronostique. Enfin, le niveau de sequelle est modere, 55 % des animaux n’ayant qu’une discrete azotemie (IRIS£II, creatinine sanguine£240 μmol/L). |
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