Ostéophytes vertébraux : une cause rare de dysphagie chez le sujet jeune

Autor: T. Chaara, G. Lahlou, M. Le Guen, S. Le Burel, H. Vanquaethem, H. Nielly, L. Gilardin
Rok vydání: 2019
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Zdroj: La Revue de Médecine Interne. 40:A112
ISSN: 0248-8663
Popis: Introduction De multiples causes de dysphagie peuvent etre retrouvees. Parmi celles-ci, un obstacle extrinseque, comme les osteophytes de vertebres cervicales arthrosiques, peut etre responsable d’une obstruction pharyngo-œsophagienne haute. Bien que frequemment retrouves chez les sujets âges dysphagiques, les osteophytes cervicaux ne sont que rarement responsables de dysphagie severe. Nous rapportons le cas d’une jeune patiente. Observation Une femme de 43 ans est adressee en medecine interne pour l’exploration d’une dysphagie severe aux solides et aux liquides avec fibroscopie œso-gastroduodenale normale (y compris les biopsies systematiques). Elle a pour antecedent un ulcere gastrique, des douleurs articulaires chroniques, une rosacee et une agression a l’arme blanche ancienne avec des lesions au niveau du bras droit, du diaphragme et un pneumothorax. Cliniquement, il existe une stase salivaire, des troubles de la deglutition avec douleurs et fausses routes, pas de perte d’appetit. Malgre une alimentation lente (> 1 h par repas), precautionneuse et hypercalorique, ces troubles sont responsables d’une perte de poids de plus de 10 kg en 6 mois. Le reste de l’examen est sans particularite, il n’y pas de fievre, de signe infectieux, de deficit neurologique, de trouble respiratoire. Pas de troubles du transit, ni reflux gastro-œsophagien. Le bilan biologique standard est sans particularite, il n’y a pas de syndrome inflammatoire, pas de carence nutritionnelle, le bilan thyroidien et martial sont normaux. Le bilan auto-immun est negatif (Ac anti-recepteur de l’acetylcholine, anti-MUSK, anti-ADN natif, antinucleaire a 1/80) hormis les anticorps anti-Mi2b au DOT myosite mais a titre faible. Les CPK sont normales, un electromyogramme des 4 membres et des muscles cervicaux ne montre pas d’anomalie, permettant d’exclure une pathologie neuromusculaire systemique. Une manometrie œsophagienne ne retrouve pas d’anomalie de la motricite œsophagienne ou de pathologie des sphincters superieur et inferieur de l’œsophage. Un scanner cervico-thoraco-abdomino-pelvien retrouve en premiere lecture de l’arthrose moderee entre C4 et C7. L’examen fibroscopique ORL ne visualise pas d’obstacle, ni paralysie des cordes vocales. Finalement, la realisation d’un transit œso-gastroduodenal met en evidence des becs osseux osteophytiques marginaux anterieurs en C4–C5 et C5–C6 entrainant une empreinte sur la face posterieure de l’œsophage pouvant expliquer la dysphagie. Il n’est visualise de diverticule de Zenker. En reprenant l’interrogatoire, la patiente revele avoir ete victime de multiples traumatismes dans l’enfance et l’adolescence (maltraitance) pouvant etre responsables d’arthrose precoce. Devant la severite des symptomes avec echec des mesures d’adaptation dietetiques, une solution chirurgicale est envisagee. Les reconstructions 3D au scanner precisent la compression de l’œsophage par de volumineux osteophytes anterieurs. Discussion La dysphagie liee a une osteophytose cervicale anterieure resulte d’une compression mecanique extrinseque par un ou plusieurs osteophytes volumineux (> 10 mm), principalement au niveau C3–C5 [1] mais aussi de phenomenes inflammatoires locaux lies a l’irritation des tissus. Bien que connu depuis longtemps, peu de cas ont ete rapportes dans la litterature, principalement chez les sujets âges. Chez le sujet âge, une dysphagie peut aussi etre associee a une maladie de Forestier (ou hyperostose vertebrale engainante) mais la presence d’anomalies osseuses n’est pas suffisante pour retenir leur responsabilite et un bilan etiologique exhaustif doit etre entrepris, comprenant une etude videoradiographique de la deglutition (TOGD). Un traitement conservateur (mesures dietetiques, AINS, reeducation a la deglutition) doit etre entrepris le plus tot possible. Une intervention chirurgicale, risquee, (resection des osteophytes) doit etre envisagee pour les cas refractaires ou severes, avant que les compressions n’entrainent des degâts irreversibles sur la motricite de l’œsophage. L’experience dans la litterature montre qu’elle ameliore les symptomes dans la majorite des cas [1] . Conclusion Parmi les causes de dysphagie, l’existence d’osteophyte vertebraux cervicaux est a rechercher, y compris chez le sujet jeune, par la realisation d’un transit œso-gastroduodenal. Sa presentation atypique peut parfois etre severe et necessiter un traitement chirurgical.
Databáze: OpenAIRE