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Introduction Les auto-anticorps anti-Glutamic acid decarboxylase 65 (GAD65-Ac) sont observes chez les patients presentant un diabete auto-immun et a taux tres eleves dans 3 grands syndromes neurologiques (SN) rares que sont le Stiff-Person syndrome (SPS), un sous type d’ataxies cerebelleuses (AC) et certains patients presentant des encephalites limbiques (EL). Les EL auto-immunes sont rares et se definissent par l’apparition subaigue d’un deficit de la memoire a court terme, de crises d’epilepsie ou de troubles comportementaux associes a une inflammation mesiotemporale constatee a l’IRM et sur la ponction lombaire. Neanmoins, cette definition large peut donner lieu a de nombreuses variations en fonction des auto-anticorps associes et la semiologie est mal decrite pour les patients presentant des GAD65-Ac. Dans un but de clarification, nous avons revu systematiquement tous les troubles cognitifs associes a des taux eleves de GAD65-Ac. Resultats De janvier 1993 a janvier 2016, nous avons identifie 85 patients avec un syndrome neurologique associe a un titre eleve de GAD65-Ac dans le serum ou le liquide cephalorachidien (LCR). Sur ces 85 patients, 11 ont ete exclus du fait d’un manque d’information clinique. Sur les 74 restants, 40 presentaient des troubles pour lesquels une EL avait ete discutee. Sur ces 40 patients, 16 presentaient des troubles definissant une EL associant un debut subaigu, une confusion, des troubles du comportement, des crises d’epilepsie et une amnesie anterograde. Il est a noter que 4 d’entre eux avaient une symptomatologie initiale particuliere avec de courts episodes d’amnesie isolee repetes et intercales de periode de recuperation complete. Ces 16 EL typiques etaient generalement isolees sauf chez un patient presentant egalement un Stiff-person syndrome. L’âge median etait de 30 ans (extremes : 6–63) et le suivi median de 4,75 ans (extremes : 0,4–18). L’evolution de ces EL a ete favorable dans un premier temps dans la majorite des cas, mais 12/16 patients gardaient des sequelles cognitives dont 6 ont installe progressivement une aggravation des troubles de memoire. Tous presentaient une epilepsie sequellaire. A cote de ces 16 patients, 21 n’ont presente que des crises d’epilepsie pendant plusieurs mois ou annees. Cette epilepsie etait d’origine temporale dans la majorite des cas (20 patients) et debutait avec une mediane de 30 ans (extremes : 10–72). Elle se manifestait le plus souvent par des crises partielles complexes avec des generalisations secondaires frequentes. Malgre l’instauration d’un traitement antiepileptique adapte, cette epilepsie restait pharmacoresistante pour 15 patients et la frequence moyenne des crises restait elevee avec au moins une crise par mois. Il est interessant de noter que parmi les 6 patients qui presentaient une epilepsie benigne non pharmacoresistante, 5/6 avait un autre trouble neurologique associe (4 AC et 1 SPS) alors qu’il n’y en avait que 4/15 dans le groupe pharmacoresistant. L’evolution de ces 21 patients epileptiques a ete marquee chez un tiers des patients (7 cas) par l’installation de troubles de memoire progressifs survenant avec une mediane de 5 ans apres le debut des crises (0,6 a 23). Ces 7 patients presentaient une inflammation mesiotemporale sur l’IRM initiale alors qu’elle n’etait observee que chez 2/14 patients epileptiques sans troubles de memoire. Par contre, l’inflammation du LCR (pleiocytose et bandes oligoclonales), la frequence des crises ou la pharmacoresistance n’etaient pas plus frequentes chez ces 7 patients par rapport aux 14 autres. A cote de ces 2 groupes, 3 patients, deux femmes et un homme, de plus de 55 ans ont presente une demence progressive. Tous etaient connus pour une ataxie cerebelleuse associee a des GAD65-Ac. Fait interessant, ces troubles mnesiques etaient associes a une inflammation temporale a l’IRM chez deux patients et a une inflammation du LCR chez l’ensemble de ces patients (bandes oligoclonales). Conclusion Notre travail permet de conclure qu’il existe plusieurs modes d’apparition de troubles cognitifs associes a la presence de GAD65-Ac et que les tableaux cliniques ne se limitent pas a une EL classique. Des troubles plus progressifs sont possibles et les hypersignaux FLAIR mesiotemporaux pourraient etre un facteur de risque majeur necessitant la mise ne place d’un traitement immunomodulateur plus agressif. |