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Resume La recherche exposee dans cette communication a comme premier objectif de montrer que la prison francaise exerce aujourd'hui la peine en recourant au stress. Nous soulignons ensuite que le fonctionnement interne de cette organisation a tendance a renforcer les aspirations negatives a la resocialisation, donc a conforter le taux eleve de recidive a l'incarceration. Le troisieme objectif est de mettre en evidence que le profil penal du detenu a une incidence sur ses reactions face au stress carceral. Nous montrons que cette inegalite de statut face au stress carceral (liee au profil penal) est encore accentuee par le mode de fonctionnement actuel de la prison. En devenant penale, la prison a du rompre avec toutes atteintes au corps. Pour Foucault (1975), la peine s'est exercee sur l'esprit du sujet. Mais comment a-t-elle continue a contraindre ? Nous montrons que la contrainte majeure qu'impose la situation d'emprisonnement reside dans le fait qu'elle faconne l'environnement du detenu en le lui rendant impredictible. Le caractere penal de cette mesure s'apparente donc a un stress consecutif a l'impossibilite que le sujet a de controler son environnement. Depuis les annees 1980, la legislation europeenne s'est peu a peu imposee a l'univers carceral francais. Le detenu jouit d'une multitude de droits individuels. Pourquoi dans de telles conditions materielles de clemence, la contrainte d'emprisonnement semble-t-elle encore ressentie durement ? Pour le decouvrir, nous etudions d'abord comment la prison moderne agit comme un stresseur, puis comment le detenu reagit a cette situation. L'analyse du fonctionnement organisationnel et spatial d'un centre de detention regional (CDR) moderne (issu du « Programme 13 000 ») fait apparaitre que les mesures tournees vers l'amendement, et principalement les activites de reinsertion sociale, deviennent autant d'outils de soumission. Alliees a une utilisation particuliere des lieux carceraux, les actions de normalisation des detenus se multiplient afin d'obtenir de « bons detenus », c'est-a-dire des individus dociles. Pour echapper au stress, l'individu a la possibilite de choisir une activite de resocialisation. Nous mettons donc en evidence que cette peine s'exerce aujourd'hui sur les conduites et qu'elle fonctionne comme un dispositif de conditionnement operant fonde sur le stress. Nous analysons experimentalement la detresse que manifestent 27 detenus incarceres pour la premiere fois (pour vol ou pour agression sexuelle) et condamnes a des peines moyennes (de trois a cinq ans), et les formes d'ajustement qu'ils peuvent developper durant les deux premiers mois qui suivent le transfert de maison d'arret en CDR. Il apparait que les conduites induites par ce modelage organisationnel constituent une strategie d'adaptation au stress carceral beaucoup plus efficace que le fait d'exprimer des coping positifs (tournes vers la socialisation). L'etude de l'etat physiologique de stress au travers de la production de cortisol urinaire sur 24 heures met en evidence que la prison ne favorise pas les aspirations des detenus a se reinserer dans la societe. Cette etude souligne par ailleurs que l'ajustement au stress carceral differe selon le profil penal. Les sujets condamnes pour vol frequentent plus les activites que ceux qui ont commis une agression sexuelle. Ils reduisent aussi plus leur taux de cortisol urinaire sur 24 heures. De plus, chez les sujets condamnes pour agression sexuelle, la nature adaptative des coping (au travers de la baisse du taux de cortisol urinaire sur 24 heures) devient imprevisible : elle est remise en cause d'un mois sur l'autre de notre experimentation. |