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Cet article propose un retour critique sur une methode de terrain faisant usage de l’ecriture poetique comme moyen d’accompagner a la parole des personnes peu a l’aise vis-a-vis du recit de soi. Cette experimentation a notamment ete conduite aupres des gardiens de securite privee de Nairobi (Kenya), des individus en situation d’isolement au travail et soumis a de fortes logiques de domination. Ces « veilleurs » de la ville apparaissent particulierement vulnerables face aux attendus implicites de la mise en recit de soi (etre en capacite de dire « je », se projeter dans un temps lineaire et progressif, donner du sens aux differents espaces parcourus). Le recours a une langue poetique permet une expression a la fois plus fluide et moins douloureuse, a condition de se montrer particulierement attentif aux conditions concretes de son ecriture. Ainsi, ce texte revient sur les enjeux d’une creation a quatre mains lors des ateliers, de la materialite de l’ecriture, de la constitution d’un « espace a soi » ; autant d’elements qui, tenus ensemble permettent d’accompagner avec justesse a la parole. Parallelement, il interroge les conditions d’accueil de ces productions poetiques au sein de nos propres textes en sciences sociales. L’articulation ecriture poetique – ecriture scientifique, loin de constituer une impasse, permet au contraire de reinserer une certaine precarite dans nos formes textuelles, necessaire a la credibilite de nos discours. |