Émergence de zoonoses : l’orpaillage serait-il un facteur favorisant ?

Autor: M. Douine, Muriel Galindo, L. Epelboin, M. Saout, R. Schaub, Y. Lambert, Martha Cecilia Suárez-Mutis, S. Vreden, Pascale Bourhy, L. Mutricy
Rok vydání: 2021
Předmět:
Zdroj: Infectious Diseases Now. 51:S34-S35
ISSN: 2666-9919
DOI: 10.1016/j.idnow.2021.06.075
Popis: Introduction L’emergence de pathogenes a augmente depuis 1940, en particulier d’origine zoonotiques (60 %), issus majoritairement de la faune sauvage (72 %). L’anthropisation et le bouleversement des ecosystemes favorisent le franchissement des barrieres inter-espece, particulierement en zone de grande biodiversite comme en Amazonie. Les personnes pratiquant une activite d’orpaillage, a fortiori non regulee, seraient-elles particulierement touchees par les zoonoses ? Materiels et methodes Capitalisant sur une etude visant a evaluer l’epidemiologie du paludisme sur les sites d’orpaillage clandestins en Amazonie, un examen clinique complet et un prelevement biologique pour mise en collection ont ete effectues en 2019 aupres des personnes majeures et consentantes travaillant sur ces mines. L’examen recensait les signes dermatologiques de leishmaniose avec un ecouvillonnage pour PCR Leishmania en cas de lesion ulceree active, ceux evocateurs de lepre et les antecedents vaccinaux contre la fievre jaune. Au niveau biologique ont ete realises la recherche d’anticorps neutralisant la fievre jaune, d’IgG de phase I et II contre la fievre Q, et des tests MAT (Microscopic Agglutination Test) contre la leptospirose. Resultats Entre octobre et decembre 2019, 380 personnes ont ete inclues dans l’etude. La seroprevalence de la leptospirose etait de 25,5 % (IC95 % = 21,2-30,1). De nombreux mammiferes sauvages sud-americains sont connus pour etre porteurs de leptospires. Cette forte seroprevalence va dans le sens d’un cycle sauvage de leptospirose en Amazonie. La prevalence de la fievre Q etait de 2.9 % (IC95 % = 1,2-4,6). Ceci est plus faible que la prevalence sur le littoral, ce qui affaiblit l’hypothese d’un reservoir de Coxiella burnettii en foret profonde ou tellurique, reservoir toujours inconnu a ce jour dans la region. La majorite des participants declaraient etre vaccines contre la fievre jaune (91.8 %) et 97.9 % avaient des Ac seroneutralisants. Le risque d’epidemie de fievre jaune, comme dans le cas au Bresil en 2016-2019, semble donc peu probable. Dix pourcent (0,7-1,3) des participants avaient des lesions de leishmaniose cutanee, dont trois avaient une lesion active en cette saison seche. Une seule PCR a donne un diagnostic d’espece : L. guyanensis. Concernant la lepre, cinq personnes avaient des lesions typiques, dont trois etaient connues et en cours de traitement, soit une prevalence minimale estimee a 78,9/10 000 pa. Tous venaient de l’Etat bresilien du Maranhao, ou la prevalence en population generale en 2019 etait 17 fois moindre a 4,5/10 000 pa. Cela pose de nombreuses questions, dont celle du role du reservoir animal potentiel qu’est le tatou, sur lequel des travaux sont en cours en Guyane. Conclusion Ces donnees uniques eclairent d’un jour nouveau des cycles de transmission de zoonoses encore mal connus dans la region. A l’heure des problematiques de One Health, une surveillance particuliere doit etre accordee a ces populations vulnerables en contact direct avec l’ecosysteme tropical.
Databáze: OpenAIRE