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Introduction Au cours du syndrome de Stevens–Johnson (SJS) et de Lyell, la majorite des patients garde des sequelles ophtalmologiques parfois severes, dont le principal facteur de risque est la gravite de l’atteinte oculaire initiale. Il n’existe a ce jour pas de recommandation standardisee de soins oculaires en phase aigue. Nous avons conduit un audit des pratiques de ces soins oculaires de phase aigue dans les sites du Centre de reference francais des dermatoses bulleuses toxiques. Materiel et methodes Nous avons adresse par e-mail un questionnaire des pratiques de soins oculaires en phase aigue de SJS/Lyell aux ophtalmologistes et dermatologues des 11 sites du centre de reference. L’enquete a porte sur la sollicitation d’un avis ophtalmologique, l’ablation des pseudomembranes, l’instillation de collyres (corticoides, antibio-corticoides, antibiotiques, antiseptiques, larmes artificielles), l’application de pommade vitamine A, la realisation d’une greffe de membrane amniotique, l’application d’anneau de symblepharons et la prescription eventuelle d’une corticotherapie systemique. Resultats Huit centres ont repondu. Tous demandaient un avis ophtalmologique rapide a l’admission. La majorite realisaient l’ablation mecanique des pseudomembranes, instillaient des larmes artificielles et appliquaient de la pommade vitamine A (7/8, 90 %). L’utilisation des collyres antibio-corticoides ou corticoides etait frequente (5/8, 60 %). Le recours aux anneaux de symblepharons se pratiquait dans la moitie des centres (4/8, 50 %), si necessaire. Le recours aux collyres antibiotiques seuls et antiseptiques etait rare (2/8, 25 %). La greffe de membrane amniotique n’etait jamais pratiquee systematiquement mais des que necessaire selon l’evolution clinique. Une corticotherapie systemique etait parfois utilisee (3/8, 37 %). Discussion Cette enquete montre l’heterogeneite des pratiques de soins oculaires en phase aigue du SJS/Lyell. Toutes les equipes insistent neanmoins, sur la necessite d’une expertise ophtalmologique rapide, d’une ablation des brides, d’une utilisation de collyre mouillant et pommade vitamine A. Compte tenu du risque, a court terme de surinfection corneenne a point de depart cutane, et a long terme, de sequelles parfois graves, les soins locaux sont primordiaux et les pratiques meriteraient d’etre optimisees et uniformisees. Cependant, aucune etude n’a montre de maniere formelle la superiorite d’un traitement par rapport a un autre. Les mesures a eviter sont l’utilisation de conservateurs, souvent presents dans les collyres et deleteres pour la surface oculaire ainsi que la toxicite de certains collyres antibiotiques. Conclusion Les pratiques de soins oculaires du SJS/Lyell meriteraient d’etre homogeneisees mais les donnees publiees robustes manquent. Des etudes prospectives sont souhaitables mais difficiles a conduire dans cette maladie rare. |