Popis: |
Cet article etudie l’integration economique des nouveaux Lander dans la Republique federale d’Allemagne comme un changement structurel qui s’inscrit dans le temps long.Le regard retrospectif porte sur les trois decennies qui ont suivi l’Unification permet de distinguer differentes temporalites dans lesquelles se deploie le changement. L’Unification, concue comme transfert des institutions politiques, juridiques, economiques et sociales de la RFA, et les conditions de l’Union monetaire entrainent tout d’abord une succession de ruptures avec l’heritage socialiste qui laissent peu de place a des apprentissages ou des mutations endogenes. Dans le cadre institutionnel de l’economie de marche qui s’impose immediatement, la Treuhandanstalt devient le maitre d’œuvre de la transformation structurelle dans les nouveaux Lander.La therapie de choc, administree au patrimoine est-allemand au debut des annees 1990, ne produit pas les resultats escomptes. Les choix strategiques et operationnels de la Treuhand, et en particulier la privatisation a bride abattue, permettent certes d’imposer comme dans une « attaque de cavalerie » les regles du marche et les normes ouest-allemandes dans les nouveaux Lander, mais ils laissent l’appareil productif et le tissu des relations socio-economiques presque exsangues quand la Treuhand acheve sa mission en 1994. Malgre les transferts financiers ouest-allemands massifs, il faut attendre la fin des annees 2000 pour voir apparaitre le debut d’un processus general de croissance endogene dans l’est de l’Allemagne.La recomposition de structures economiques performantes qui succede a cette premiere phase destructrice est difficile, discontinue et s’inscrit dans un temps plus long ; dans bien des domaines, elle est encore inachevee en 2020. Cette phase de recomposition prend le plus souvent la forme d’une modernisation et donne naissance, tantot a des phenomenes d’hybridation comme dans le cas de la reforme territoriale, tantot a des projets innovants de developpement endogene ancres dans le territoire local, dans le cas du secteur agricole. Cette transformation est cependant incomplete si l’on mesure ses resultats socio-economiques a l’aune des ambitions politiques initiales : creer dans les nouveaux Lander « un cadre de vie equivalent » a celui de l’ouest de l’Allemagne. Les raisons de ce clivage persistant sont multiples : elles sont micro-economiques, mais surtout structurelles. Elles tiennent, pour une bonne part, au manque d’attractivite et au caractere rural des territoires est-allemands, au manque de grandes entreprises dans les nouveaux Lander, a l’insuffisante internationalisation de la grande majorite des entreprises, a leur faible investissement dans l’innovation et a une inadequation des qualifications professionnelles au marche du travail. |