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La mise en place, puis l’evolution au cours du temps de l’enquete SUMER, depuis ses premices dans les annees 1980 jusqu’a la derniere campagne de 2016–2017, ont suscite des tâtonnements et des debats parmi les acteurs impliques. A partir d’une etude menee par une equipe pluridisciplinaire (medecin inspecteur, sociologue et statisticiens), il s’agit de revenir sur cette histoire au regard de l’evolution du contexte social et juridique de la medecine du travail, en interrogeant ses protagonistes, ainsi que des archives et documents de travail. Cette enquete est au depart un pari, dont la legitimite scientifique n’est pas acquise. Son originalite repose sur ses modalites de recueil de donnees, via les medecins puis les equipes de sante au travail. Cette specificite est une force, mais elle rend aussi l’enquete vulnerable a plusieurs points de vue. Elle la rend par exemple tributaire des conditions de travail des enqueteurs, et donc d’un cadre legislatif tres mouvant ces dernieres decennies. La question des modalites pertinentes de production de connaissances sur les expositions professionnelles s’est dans un premier temps pose dans le cercle restreint des instigateurs de l’enquete : la DGT, et plus specifiquement l’inspection medicale du travail. La genese de l’enquete est donc fermement ancree dans le terrain grâce aux medecins qui la portent. Progressivement, le cercle s’elargit pour obtenir une legitimite statistique la plus solide possible. Par ailleurs, l’enquete permet de guider et d’accompagner les medecins vers de nouvelles pratiques, notamment sur l’aspect « action en milieu de travail » qui est en train de se mettre en place au demarrage de l’enquete. Elle permet aussi de valoriser un positionnement qui est unique a la medecine du travail : un acces double a la connaissance des conditions de travail via le discours des salaries et via l’etude des milieux de travail. Cependant, l’evolution des conditions d’exercice de la medecine du travail porte atteinte a la participation des medecins enqueteurs : les medecins du travail sont de moins en moins nombreux, et ils travaillent desormais tres souvent en equipe. Si les modalites de recueil de donnees sont progressivement adaptees a ces evolutions, la participation en reste tout de meme affectee. Les reflexions sur l’avenir de l’enquete s’inscrivent donc dans des interrogations plus globales sur les conditions necessaires pour faire perdurer une veritable veille en sante au travail, et les moyens d’y parvenir, malgre les obstacles. |