Quel dialogue sciences-société ? Les pistes pour l’avenir

Autor: Sylvestre Huet, Loïc Blondiaux, Lionel Larqué, Brice Laurent
Rok vydání: 2015
Předmět:
Zdroj: médecine/sciences. 31:46-57
ISSN: 1958-5381
0767-0974
DOI: 10.1051/medsci/201531s112
Popis: Paul de Brem > Nous allons nous projeter dans l’avenir avec quatre intervenants qui vont se repondre les uns aux autres au cours d’une table ronde : Sylvestre Huet, Brice Laurent, Lionel Larque et Loic Blondiaux. Sylvestre Huet, vous etes journaliste au journal Liberation, ou vous tenez la rubrique « Sciences » depuis de nombreuses annees. Vous tenez aussi le blog « Sciences au carre ». Vous avez suivi des controverses comme celle autour des travaux de Gilles-Eric Seralini qui, selon leur auteur, accredite l’idee d’un eventuel danger des OGM pour la sante. Vous avez aussi suivi le debat public sur les nanotechnologies. Que retenez-vous de ces episodes ? Qu’est-ce qui vous parait vraiment pregnant ? < qui echangent leurs gametes ! Le probleme, c’est que l’article a passe toutes les etapes de relecture derriere la journaliste, le chef d’edition, le redacteur en chef, le relecteur final ; cela a ete publie et cela n’a pas souleve de tempete chez les lecteurs. Le point de depart de tous ces debats publics, sur l’usage, le nonusage ou l’usage controle des technologies, c’est qu’il va etre tres facile de tromper la plupart des gens, en se fondant sur leur ignorance, qui est bien normale. Je pourrais prendre pour exemple ces hommes politiques qui montrent qu’ils ne maitrisent pas beaucoup les sujets techniques, mais cela serait trop facile. Il suffit de considerer deja le fait suivant : le scientifique, en general, ne sait que tres peu de choses sur les travaux du voisin de laboratoire dans une branche qui n’est pas exactement la sienne. Si ce savoir qui nait dans les laboratoires est difficilement partageable a l’interieur meme des laboratoires, on ne va pas faire le reproche aux citoyens et meme aux responsables politiques de ne pas le partager. C’est, pour moi, le point de depart. Si on veut prendre des decisions en democratie, avec le moins de meconnaissance de leurs composantes techniques et scientifiques par les citoyens et par les elus, il va falloir, dans les debats publics, soigner la transmission du savoir, la bonne foi et l’honnetete intellectuelle. Le probleme est que la bonne foi et l’honnetete intellectuelle ne sont pas toujours au rendez-vous de la part de la quasi-totalite des acteurs, qu’il s’agisse des responsables politiques, des industriels et de leurs representants en communication, des militants de tous bords, qu’ils soient militants d’un parti politique ou d’ONG, et, in fine, de la presse. En ce qui concerne l’affaire Seralini qui a ete citee, ce qui va rester dans la tete des citoyens telespectateurs, ce sont ces images horribles de rats avec des tumeurs grosses comme des balles de ping-pong qui, a elles seules, demontrent que « On va tous mourir » de cette technologie de la transgenese vegetale ! C’est le resultat d’une collusion, dont la synergie est redoutable en termes d’efficacite propagandiste et egalement commerciale entre des militants de differentes categories socioprofessionnelles (l’un d’entre eux etait un professeur d’universite) et de journalistes, notamment la direction du Nouvel Observateur, qui a deliberement organise une entreprise de desinformation assez efficace. Ainsi, le jour meme de sa publication, le Nouvel Observateur titrait « Les OGM sont des poisons ». Et, le ministre de l’Agriculture, M. Le Foll, au lieu d’expliquer a ses electeurs et aux citoyens : « Il y a en France une agence qui s’occupe de la securite sanitaire des aliments, on a un conseil des biotechnologies et, bien evidemment, ils vont etudier ce nouvel apport dans la litterature Sylvestre Huet
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