Enfants de mères toxicomanes : les aléas de la substitution

Autor: Paul Vert, Claire Hubert, Michel Legagneur, Jean-Michel Hascoet, Isabelle Hamon
Rok vydání: 2008
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Zdroj: Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine. 192:961-969
ISSN: 0001-4079
Popis: RESUME Les toxicomanies maternelles aux stupefiants sont cause d’une importante pathologie perinatale qui peut oberer l’avenir des enfants, deja in utero, puis a la naissance et dans leur developpement ulterieur. Elles peuvent concerner au moins 1 % des naissances en France et jusqu’a plus de 10 % aux Etats-Unis. Le contexte medico-social et psychologique rend la prise en charge de ces meres particulierement difficile. La substitution de l’heroine par de la buprenorphine a montre ses avantages tant pour stabiliser les patientes que pour prevenir, en partie, les consequences fœtales ou neonatales. Si de multiples publications font etat d’une reduction de l’incidence du syndrome de sevrage chez les nouveau-nes de meres beneficiant de cette substitution, il y a peu de donnees pharmacologiques. Dans l’etude prospective presentee, vingt nouveau-nes de mere heroinomane substituee ont ete observes dans les premiers jours de vie avec dosages du taux plasmatique de buprenorphine chez la mere et chez l’enfant. Le rapport taux maternel/taux fœtal est a la naissance de l’ordre de 0,45. L’analyse des resultats montre que les taux de buprenorphine sont, a la naissance, comparables chez les enfants, qu’ils aient presente ou non un syndrome de sevrage. Chez ceux qui sont asymptomatiques, les taux se negativent en quarante-huit heures. Chez ceux qui ont des signes cliniques, les taux augmentent de plus de 100 % entre la naissance et 48 heures. En l’absence d’allaitement maternel, il ne peut s’agir que d’un relargage de buprenorphine tres liposoluble dans les tissus. Le paradoxe de taux plus eleves chez les enfants symptomatiques pourrait s’expliquer par un polymorphisme genetique du metabolisme des xenobiotiques. L’hypothese d’interactions chez des meres polyintoxiquees (en particulier par le tabac) peut etre evoquee. On peut conclure que si le dosage du taux de buprenorphine plasmatique sur sang du cordon permet de verifier la realite du traitement propose aux meres, il ne permet pas d’anticiper l’apparition d’un syndrome de sevrage. Seule l’observation clinique permet de distinguer avec certitude les enfants qui necessitent un traitement substitutif transitoire. Un controle sanguin a quarante-huit heures de vie avec comparaison au taux du cordon permettrait, peut etre, de definir des enfants a bas risque pouvant rester aupres de leur mere en maternite, de ceux a haut risque necessitant une hospitalisation. Cette hypothese devra etre validee, mais quels que soient le traitement et l’accompagnement des meres toxicomanes, il s’agit de naissances a risque qu’il convient de prendre en charge dans des maternites disposant d’un service de neonatologie performant.
Databáze: OpenAIRE