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Introduction L’antibioresistance est une preoccupation majeure de nos jours. En Nouvelle-Caledonie, la prevalence du SARM-Communautaire progresse depuis plusieurs annees sans que nous en ayons l’explication. En 2018, le taux de SARM atteint 40,1 %. Nous emettons l’hypothese que la prise en charge inadaptee des infections cutanees, largement liees a ce pathogene, pourrait en etre une des causes, notamment dans la surconsommation d’antibiotiques. Nous nous sommes ainsi interesses aux pratiques des medecins face a ces infections, notamment concernant les soins locaux, la documentation microbiologique, l’antibiotherapie et la decolonisation. Materiels et methodes Il s’agit d’une etude descriptive transversale des pratiques declarees par auto-questionnaire des medecins caledoniens en soins primaires en fevrier et mars 2020. Les reponses sont analysees en fonction des recommandations nationales de 2019 HAS/SPILF/SDF et de l’ecologie locale. Resultats On constate globalement un mesusage des antibiotiques. Dans les formes peu severes d’impetigo et de furoncle, pour lesquelles un traitement local est suffisant, une antibiotherapie orale est prescrite respectivement par 22 % (18/80) et 27 % (22/80) des praticiens. Lorsqu’un antibiotique oral est indique, comme dans le furoncle complique et l’abces, les durees de prescription sont trop longues, respectivement, dans 87,5 % (64/79) et 82 % (56/68) des cas. L’amoxicilline–acide clavulanique est prescrit par 32,5 % (26/79) a 42 % (29/69) des medecins selon les tableaux cliniques chez l’adulte. Chez l’enfant, cette prescription atteint 74% (59/80) dans le furoncle complique. L’acide fusidique topique est utilise dans 32% (21/65) des impetigos peu severes. Ces deux antibiotiques sont pourtant inadaptes a l’ecologie locale au vu de leur taux de resistance eleve sur le territoire. La documentation microbiologique est peu effectuee. Elle est demandee dans 15 % (12/80) des impetigos severes, 20 % (20/80) des abces et 28 % (22/79) des furoncles compliques. La decolonisation est mal connue. Elle est prescrite pendant la poussee par 35 % (31/69) des medecins. Seulement 32 % (22/69) inclus le patient et son entourage dans le protocole. On constate un oubli du gite oral dans 69 % (47/68) des cas. Le taux de SARM est sous-estime par 40,5 % (30/74) des medecins du territoire. Soixante-quatre pour cent (51/80) d’entre eux voient au moins une lesion d’infection cutanee par jour en consultation. Dans les provinces du Nord et des Iles Loyaute, ou la majorite de la population vit en tribu, cette frequence s’eleve a 91 % (30/33). Conclusion Ces pratiques inappropriees associees a la presence d’un clone de SARM bien adapte a son environnement et a une frequence particulierement elevee des infections cutanees, participent probablement a la propagation du SARM sur le territoire. Pour lutter contre ce phenomene, une communication efficace entre les professionnels de sante, les autorites sanitaires et la population ainsi qu’une meilleure prevention collective de ces infections sont indispensables. |