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Introduction Paecilomyces lilacinus est un champignon filamenteux saprophyte de l’environnement. Il s’agit d’un agent pathogene rare chez l’homme, rencontre le plus souvent chez des patients immunodeprimes et responsable d’infections oculaires severes. La colonisation du materiel medical (lotions, catheters, implants) est une source de contamination. Nous rapportons un cas d’infection cutanee a P. lilacinus. Observation Une femme de 67 ans, eleveuse de moutons, porteuse asymptomatique de la mutation recessive liee a l’X responsable d’une granulomatose septique chronique (CGD) chez 3 de ses 4 enfants, consultait pour des papulo-nodules ulceres pustuleux avec placard inflammatoire infiltre erythemato-violace douloureux du pouce droit evoluant depuis 2 mois. La patiente etait apyretique et en bon etat general. Deux mois auparavant, une premiere papule etait apparue sur le pouce droit, progressivement surmontee de pustules avec œdeme, inflammation locale et suintement purulent. Plusieurs antibiotherapies et un traitement antiviral etaient successivement prescrits : pristinamycine, amoxicilline-acide clavulanique puis valaciclovir, sans efficacite. De nouvelles papulo-pustules se formaient sur l’ensemble du pouce puis evoluaient vers des nodules ulceres. Des biopsies et prelevements superficiels par ecouvillonnage etaient realises durant la consultation pour analyses histologique, bacteriologique, virologique, mycologique et mycobacteriologique. L’histologie montrait une reaction inflammatoire riche en polynucleaires neutrophiles avec presence d’elements myceliens. La recherche de Poxvirus etait negative. La culture mycologique identifiait P. lilacinus. Un traitement antifongique par voriconazole etait instaure, permettant une guerison des lesions en 3 mois. Discussion La peau est le deuxieme site d’infection a P. lilacinus apres l’œil. Les infections cutanees sont le plus souvent localisees mais la presentation clinique est tres variable : macules erythemateuses, papules, vesicules, lesions necrotiques, nodules sous-cutanes, cellulite, ne permettant pas de faire le diagnostic sur la clinique seule. La biopsie pour culture fongique avec antifongigramme est indispensable pour ce germe aux resistances nombreuses, meme s’il n’existe pas de « breakpoints » cliniques. L’efficacite du voriconazole a ete rapportee dans plusieurs cas d’atteintes cutanees. Il n’y a pas de recommandation sur la duree du traitement. La correction des facteurs de risque (immunodepression, ablation d’un corps etranger) est primordiale pour obtenir la guerison. La CGD est un facteur favorisant les infections fongiques invasives due a des anomalies de phagocytose. A notre connaissance, un seul cas d’infection cutanee par P. lilacinus (abces de la paroi abdominale) a ete rapporte chez un enfant de 4 ans souffrant de CGD traite par amphotericine B. Conclusion Nous rapportons le deuxieme cas d’infection cutanee a P. lilacinus dans un contexte de CGD, d’evolution favorable sous voriconazole. |