Le traitement de l’ostéoporose réduit spectaculairement le risque de rechute et de décès au décours d’un cancer du sein

Autor: P. Soulié, Béatrice Bouvard, Emmanuel Hoppé, E. Legrand, Régis Levasseur, J. Chatelais, M. Campone, C. Boudet
Rok vydání: 2020
Předmět:
Zdroj: Revue du Rhumatisme. 87:A1-A2
ISSN: 1169-8330
Popis: Introduction Apres le traitement d’un cancer du sein non metastatique exprimant le recepteur aux estrogenes (RE + ), le risque de metastase et de deces par cancer concerne 12 a 25 % des patientes, en fonction de la gravite initiale de la tumeur. Dans un travail precedent portant sur un nombre restreint de femmes (n = 350), nous avions suggere une action positive des BP sur le devenir du cancer du sein. Nous presentons ici l’analyse finale de cette etude de cohorte, prospective, longitudinale, avec plus de 1000 patientes, suivies pendant en moyenne 10,3 ans, dont l’objectif est de decrire l’influence de la prescription de vitamine D et de bisphosphonates (BP) sur le pronostic du cancer. Patients et methodes Nous avons inclus dans cette analyse 1057 patientes, toutes menopausees, toute porteuses d’un cancer du sein de type luminal (type le plus frequent, RE+, HER2 -), toutes traitees par chirurgie, radiotherapie (94 %), antiaromatase (100 %) et pour 53 % des patientes une chimiotherapie classique combinant antracyclines et taxanes. Toutes les patientes ont eu une evaluation osseuse standardisee par un rhumatologue hospitalier incluant DPX et FVA ou radios, un suivi oncologique semestriel pendant 5 ans puis annuel pendant 5 ans. Nous avons pris en compte le delai de survenue d’une rechute locale, regionale, metastatique, d’un deces par cancer du sein, d’un deces d’autre cause. Une analyse multivariee, temps dependante a ete realisee selon le modele de Cox pour evaluer les liens entre les evenements oncologiques et la densite osseuse, les fractures, la taille et le grade de la tumeur, l’envahissement ganglionnaire, l’expression du R a la progesterone, la prescription d’une chimiotherapie, de vitamine D et de BP. Nous avons precise pour les BP, la molecule, la duree de traitement et la voie per os ou IV. Resultats Avec un recul de 10 ans, on observe 105 rechutes metastatiques, 67 deces par cancer du sein et 93 deces d’autre cause. L’analyse univariee montre que les 308 patientes qui ont recu un BP (pendant en moyenne 4,4 ans) ont un cancer du sein a priori plus grave car les patientes sont plus âgees, ont plus souvent une atteinte ganglionnaire et une tumeur moins differentiee. Pourtant leur pronostic reel est bien meilleur en termes de rechute (9,7 % vs 16,7 % en l’absence de BP) et de deces par cancer (4,5 % vs 8,3 %). L’analyse multivariee selon le modele de Cox montre que le pronostic du cancer depend de la taille tumorale, de l’envahissement ganglionnaire, du grade histologique mais aussi de la prescription de BP qui est associee avec une reduction franche du risque de rechute metastatique osseuse (RR 0,51, p = 0,002) et de deces par cancer (RR 0,40, p = 0,01). L’analyse en sous groupes montre que les BP semblent aussi efficaces pour le cancer par voie orale (risedronate ou alendronate, RR 0,54) que voie IV (A zoledronique RR 0,64), en presence (RR 0,37) ou en l’absence d’une DMO femorale basse (RR 0,52). Aucune patiente n’a presente une osteonecrose de la mâchoire ou une fracture atypique du femur. Conclusion Plusieurs etudes randomisees ont montre que les BP a forte dose (Ac zoledronique 4 mg/3 mois) etaient efficaces pour diminuer le risque de metastases et de deces au decours d’un cancer du sein, mais finalement peu prescrits par les cancerologues. Notre etude montre que de faibles doses de BP sont egalement efficaces et suggere que toutes les femmes menopausees avec un cancer du sein RE+ devraient se voir proposer un traitement par BP, meme en l’absence d’osteoporose. Il s’agit donc d’un changement majeur de nos pratiques therapeutiques, fondees auparavant uniquement sur la DMO et le risque de fracture.
Databáze: OpenAIRE