Médicaments et nouveaux produits de synthèse (NPS) : un faux vrai-positif à l’usage de NPS

Autor: Olivier Roussel, Sophie Salle, C. Hejl, D. Coste, P. Vest
Rok vydání: 2017
Předmět:
Zdroj: Toxicologie Analytique et Clinique. 29:S24-S25
ISSN: 2352-0078
Popis: Objectif L’augmentation de l’usage recreatif de NPS a conduit de nombreux laboratoires a deployer des methodes dediees a leur depistage dans les matrices biologiques. Au travers du cas d’un pilote d’avion dont l’habilitation a ete, a juste titre, maintenue malgre la presence de NPS dans ses urines, nous illustrons la prudence necessaire lors de l’interpretation d’une analyse identifiant un NPS. Cas Dans le cadre de sa visite d’aptitude, le depistage urinaire du pilote etait positif a la MDMA. La recherche ciblee par GC-MS des six principales amphetamines realisee a l’HIA Percy s’est revelee negative, mais une analyse en mode full scan a fait suspecter la presence de paramethoxyamphetamine (PMA). L’echantillon nous est envoye pour confirmation sur la base de deux criblages. Le premier, dedie aux NPS amphetamine-like [1] , consiste en une analyse par GC-MS apres extraction liquide–liquide et derivation par l’HFBA. Le second, plus large, associe une analyse en GC-MS apres acetylation a une analyse en LC-MS haute resolution. Resultats Le premier criblage infirme la presence de PMA mais met en evidence une substance dont le spectre est proche a un temps de retention different de celui du standard. Le second criblage, plus sensible et plus specifique au regard des outils analytiques employes, confirme la presence de PMA mais aussi de paramethoxyethylamphetamine ou PMEA. Deux NPS etant formellement identifies dans cette urine, leur presence est de prime abord compatible avec l’usage de NPS. Cependant l’exploitation complete du trace GC-MS met en evidence plusieurs metabolites de la mebeverine, et la substance est identifiee en LC-MS-HR. De plus, dans la MPW2011, la PMEA a pour synonyme « Mebeverine-M (dealkyl) ». Apres une recherche bibliographique, le verdict tombe : PMEA et PMA sont egalement des metabolites de la mebeverine, medicament utilise comme antispasmodique. Huit des neuf metabolites proposes par Kraemer et al. [2] sont identifies dans l’urine du pilote selon une elution coherente avec celle relatee dans l’article. De plus, au moins deux metabolites supplementaires sont identifies en GC-MS et, sur la base du schema de metabolisation rapporte par Elliott et Burgess [3] , au moins 5 metabolites sont identifies en LC-MS-HR. Ces elements conduisent finalement a la conclusion suivante : « la presence de PMA et PMEA dans l’urine est compatible avec la prise de mebeverine, meme si l’usage isole de chacune de ces substances ne peut etre formellement exclu ». Un appel au medecin examinateur confirme la prescription de mebeverine pour une diverticulite. Conclusion La mebeverine compte parmi ses metabolites deux NPS (PMEA et PMA). Leur identification isolee aurait pu conduire a une conclusion toxicologique erronee, puisque ce vrai-positif aux NPS d’un point de vue analytique ne correspond pas a la consommation reelle d’un NPS. Tout comme l’exemple bien connu de la presence de morphine pouvant resulter de la prise de codeine, la presence de certains NPS dans un fluide biologique peut resulter du metabolisme de medicaments, tels la selegiline, anti-parkinsonien qui se metabolise en amphetamine et en metamphetamine ou la trazodone, antidepresseur qui se metabolise en mCPP. Ce cas concret rappelle l’imperieuse necessite d’un travail analytique et bibliographique complet dans la redaction de nos conclusions, la presence de certains NPS pouvant resulter du metabolisme de medicaments.
Databáze: OpenAIRE