Popis: |
Dans le projet intitule « Autorepresentations audiovisuelles des jeunes – une incitation a l’etude de l’heterogeneite scolaire » des jeunes, pour partie issus de l’immigration, se sont mis en scene, camera et microphone au poing, afin de parler de leur musique, leur style de vie, leur monde dans le quartier, a la maison, a l’ecole ou durant les loisirs. Reves et espoirs, attentes et deceptions, leur histoire comme celles d’autres jeunes sont ainsi devenus l’objet d’une mise en forme filmique. Il s’agissait d’en savoir plus sur le monde des jeunes, notamment quant a leur maniere de faire face au handicap social, aux logiques d’integration et d’exclusion, a l’imperatif d’assimilation ainsi qu’a leurs perspectives professionnelles peu assurees. Du point de vue de la methode, nous nous sommes appuyees sur le concept d’« anthropologie partagee » de l’ethnologue et cineaste Jean Rouch et de l’approche participative qu’il a developpee dans les annees 1950 a Abidjan (Cote d’Ivoire) avec des migrants africains. Le nouveau genre qui voyait ainsi le jour, appele « ethnofiction », associe fiction et documentaire. Envisageant que le procede participatif et l’« ethnofiction » de Jean Rouch annoncent une « ethnographie de la performance », les deux approches sont apprehendees dans cet article comme modeles epistemologiques. Nous questionnerons notre demarche en considerant les formes d’expression ou les genres que les jeunes ont reproduits, les modes de collaboration qui se sont developpes au cours du projet, les types de connaissances generes par une approche participative. Enfin, nous chercherons a definir l’ethnographie de la performance impliquant une rencontre, un echange et un mode d’association specifiques sur le terrain. Nous evoquerons les possibilites et les limites de cette demarche. Comparant notre approche filmique a d’autres, nous aborderons les implications theoriques d’une « ethnographie de la performance ». |