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Introduction Plusieurs etiologies peuvent etre a l’origine des panniculites. La distinction clinique est tres difficile et l’examen histologique est d’un grand apport diagnostique. La panniculite lupique (ou lupus profond) est caracterisee par une atteinte elective au niveau du tronc, des membres ainsi que du visage. L’histologie cutanee revele une infiltration lymphocytaire lobulaire et septale des adipocytes de l’hypoderme avec une evolution classique fibrosante. Le retard diagnostic est a l’origine d’une evolution naturelle vers la lipoatrophie. A ce propos, nous rapportons trois cas. Resultats Patiente M.S., âgee de 29 ans, admise pour prise en charge d’une tumefaction de la joue droite evoluant depuis 2 ans et demi. L’examen cutane trouvait une tumefaction erythemateuse assez bien limitee, polylobee, infiltree, cartonnee, peu sensible, faisant 7/5 cm de grands axes, a surface lisse surmontee de croutes par endroits, interessant la joue droite et l’angle interne de l’œil droit, un œdeme de l’hemiface droite. Une IRM du massif facial objectivait une infiltration et un epaississement de la graisse sous-cutanee genienne et peri-orbitaire droite sans signe d’agression locoregionale. Les bilans biologiques et immunologiques etaient normaux. L’examen anatomo-pathologique cutane revelait un aspect de panniculite avec la presence au niveau de l’hypoderme de foyers de cytosteatonecrose. Elle a ete mise sous prednisone (0,5 mg/kg/j) avec recidive des lesions a la degression. L’evolution etait marquee par l’apparition au bout d’un an d’une plaque atrophique de la joue qui a permis de poser, a posteriori, le diagnostic de lupus profond. L’hydroxychloroquine etait alors introduite. L’evolution notait une depression sous-cutanee large et profonde de la fesse droite ainsi qu’une troisieme localisation atrophique au niveau de l’avant-bras droit. Patiente M.R., âgee de 22 ans, sans antecedents, adressee pour exploration de nodules sous-cutanes douloureux du visage, des membres et du tronc evoluant depuis 1 an. L’interrogatoire revelait une photosensibilite ainsi qu’une arthralgie des grosses et des petites articulations. L’examen cutane objectivait des nodules sous-cutanes, durs, sensibles sur peau erythemateuse de taille variant entre 1 et 6 cm de diametre siegeant au niveau de la joue gauche, des bras, des seins, de l’abdomen, des cuisses et de la region lombaire associes a un erytheme des pommettes sans atrophie ni depression cupuliforme ni squames ni alopecie ni erosions buccales. La biologie montrait une leuconeutropenie, une lymphopenie, une anemie hemolytique avec un test de Coombs direct positif. Le bilan immunologique montrait des AAN positifs a 1/1600 (Ac anti-DNA natifs et Ac antiphospholipides negatifs). L’histologie cutanee trouvait un infiltrat lympho-histiocytaire du derme profond et de l’hypoderme, a disposition lobulaire et septale, avec des foyers de cytosteatonecrose. Les immunofluorescences directe et indirecte etaient positives. Le diagnostic de panniculite lupique a ete retenu et la patiente a ete mise sous prednisone (0,5 mg/kg/j) et chloroquine (400 mg/j) avec une evolution favorable au prix de cicatrices cupuliformes au niveau de la joue gauche et du bras gauche. Patiente S.S., âgee de 40 ans, sans antecedents pathologiques particuliers, adressee pour exploration d’une plaque infiltree jugale gauche evoluant depuis 2 ans. L’examen cutane trouvait une plaque erythemateuse infiltree, bien limitee, a surface telangiectasique, faisant 2 cm de grand axe et siegeant au niveau de la pommette gauche en s’etendant a la joue gauche. Le reste de l’examen clinique etait strictement normal. L’histologique cutanee objectivait un epiderme normal avec un infiltrat lympho-histiocytaire de siege perivasculaire et peri-annexiel. L’immunofluorescence directe montrait une fluorescence microgranuleuse de la jonction dermo-epidermique de type IgG. A la biologie, on trouvait une lymphopenie a 900 elements/mm 3 . Le bilan immunologique trouvait des AAN a 1/200 (Ac anti-DNA natif positifs), un complement consomme. Le diagnostic de lupus erythemateux systemique etait retenu devant l’association de quatre criteres de l’ACR. Un traitement par hydroxychloroquine (400 mg/j) etait instaure avec une evolution favorable au prix d’une atrophie faciale gauche. Conclusion Devant le prejudice esthetique que peut engendrer une panniculite lupique du visage, il est important d’evoquer tres tot ce diagnostic pour entamer le plus rapidement possible le traitement a base de corticoides et d’hydoxychloroquine dans le but d’eviter la fonte disgracieuse. |