Syndrome sérotoninergique après intoxication à la MDMA, une drogue de synthèse toujours d’actualité

Autor: R. Le Boisselier, Véronique Lelong-Boulouard, S. Fradin, C. Daubin, J. Lafosse, M. Loilier
Rok vydání: 2016
Předmět:
Zdroj: Toxicologie Analytique et Clinique. 28:S41-S42
ISSN: 2352-0078
Popis: Introduction La MDMA, inscrite sur la liste des stupefiants, est recherchee dans les milieux festifs pour ses effets entactogenes et hallucinogenes. L’un des symptomes majeurs d’une intoxication est l’hyperthermie, en lien avec son activite serotoninergique et dopaminergique, pouvant mener a une rhabdomyolyse, une coagulation intravasculaire disseminee (CIVD), aboutissant a une insuffisance renale (IRA) et parfois au deces. Nous rapportons un cas d’une intoxication a la MDMA chez un jeune homme de 23 ans, retrouve inconscient lors d’une soiree festive. Le patient est admis aux urgences dans le coma (score de Glasgow a 3) avec une hyperthermie a 41° C, une mydriase bilaterale peu reactive, une tachycardie, une hypertension et une hyperkaliemie. Le bilan biologique montre une rhabdomyolyse massive avec des pics de myoglobine a 66 455 μg/L a H8, et des CPK a 115 300 U/L a j1, une IRA oligo-anurique (creatinine : 500 μmol/L), une CIVD (plaquettes : 28 G/L, facteur V : 20 %, TP : 33 %, fibrinogene : 0,7 g/L, INR : 2,3) et des lesions myocardiques (troponine Ic : 8,42 μg/L). Des lesions hepatiques sont apparues des l’admission (TGP : 1635 U/L a j3). La rhabdomyolyse et la cytolyse hepatique ont regresse mais le patient n’a pas recupere sa fonction renale (creatinine : 1213 μmol/L a j18) malgre des seances repetees d’hemodialyse a partir de j2. Methodes Un depistage urinaire de toxiques a ete realise en immunochimie. Une recherche large urinaire a ete effectuee par CG–SM. Le dosage sanguin de la MDMA et de son metabolite, la methylenedioxyamphetamine (MDA) a ete realise par CL–SM/SM apres extraction basique liquide–liquide. Resultats Hormis la presence de MDMA et MDA, les analyses toxicologiques urinaires n’ont pas revelees d’autres molecules associees. Les dosages sanguins de la MDMA et de son metabolite ont ete realises jusqu’a 8 jours apres l’absorption ( Tableau 1 ). LA MDMA est metabolisee via le CYP 2D6, 3A4, 1A2 principalement en MDA active, et en d’autres derives hydroxyles et methoxyles, elimines par voie urinaire apres conjugaison. L’IRA et la cytolyse hepatique du patient ont probablement allonge la ½ vie d’elimination de la MDMA, detectable dans le sang jusqu’a 6 jours apres l’absorption (½ vie observee d’environ 24 h contre 7 a 8 h en theorie). Conclusion Depuis quelques annees, parmi les jeunes usagers de drogues frequentant les milieux festifs, de nouveaux produits de synthese emergent et inquietent a juste titre les autorites de sante. Pour autant, ce cas presente un syndrome serotoninergique typique qui nous rappele que les produits de synthese plus anciens, tels les stimulants de type « ecstasy », sont toujours utilises avec des consequences gravissimes voire letales, et connaissent meme un regain de notoriete depuis les annees 2010 comme le confirme les donnees recueillies lors des journees d’appel a la defense (etude ESCAPAD) et l’augmentation du nombre de cas cliniques remontes aux centres d’addictovigilance.
Databáze: OpenAIRE