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Introduction Les ulcerations genitales sont d’etiologies variees ; il s’agit le plus souvent de causes infectieuses, mais egalement inflammatoires, cancereuses, medicamenteuses ou traumatiques. Nous rapportons un cas de tuberculose genitale, cause rare d’ulceration genitale chronique. Observations Un homme de 42 ans, originaire du Sri Lanka et en France depuis 2012, consultait pour des ulcerations genitales evoluant depuis plusieurs annees, alternant entre des periodes tres ulceratives et de cicatrisation spontanee plus ou moins complete. Ses antecedents etaient une schizophrenie et un phimosis opere. Les ulcerations genitales etaient multiples, fibrineuses, tres infiltrees et indolores. On notait un aspect cicatriciel du gland et de son pourtour avec des cicatrices deprimees en pic a glace, realisant le tableau de « gland vermoulu ». Le reste de l’examen clinique etait normal. Sa femme n’avait aucun symptome. Les serologies VIH, VHB, VHC et les PCR chlamydia, gonocoque, HSV etaient negatives. La NFS etait normale. Les anticorps antinucleaires et les ANCA etaient negatifs. Le test Quantiferon* etait positif et l’IDR phlyctenulaire. La biopsie cutanee du bord d’une ulceration montrait des granulomes epithelioides giganto-cellulaires avec necrose caseeuse. Il existait deja des granulomes epithelioides sur son phimosis opere en 2015. L’immunomarquage spirochetes, la PCR Mycobacterium tuberculosis et la culture avec recherche de mycobacteries sur biopsie cutanee etaient negatifs. La recherche de BK dans les crachats, urines et LBA etait negative. L’ECBU revelait une flore polymicrobienne avec leucocyturie. L’IRM de la verge montrait un remaniement du testicule gauche avec une plage heterogene a son pole cranial et une tumefaction de la tete epididymaire. Il existait au scanner deux micronodules pulmonaires aspecifiques et une hypodensite intra-parenchymateuse corticale renale droite. Devant la tres forte suspicion de tuberculose urogenitale et le reste du bilan negatif, une quadritherapie antituberculeuse (rifampicine, isoniazide, ethambutol, pyrazinamide) fut initiee pour deux mois, relayee par une bitherapie (rifampicine et isoniazide, 4 mois). Une cicatrisation complete des ulcerations genitales etait notee apres 1 mois de traitement. Discussion Les ulcerations genitales chroniques sont de diagnostic clinique difficile et la biopsie cutanee est souvent necessaire. La mise en evidence de BK est souvent negative dans ces formes genitales et un traitement d’epreuve antituberculeux doit etre debute en cas de forte suspicion. L’aspect cicatriciel constate dans notre cas etait particulier et correspondait a celui de « gland vermoulu » decrit par R. Degos dans Dermatologie : « ces tuberculides papulo-necrotiques donnent lieu a de nombreuses cicatrices, grelant la surface du gland qui prend un aspect vermoulu ». Cet aspect vermoulu, bien que sans doute non specifique, doit savoir faire evoquer le diagnostic de tuberculose genitale. |