Rue, 'Foraine de Hère', 'carrière d'Hère-les-Rue' 2017 (Somme) : rapport de fouilles

Autor: Gapenne, Amandine, Barbet, Pierre, Rannou, Jean-Claude, Béthune, Béatrice, Bouet, Cécile, Jouanin, Gaëtan, Boulen, Muriel, Buchez, Nathalie, Canny, Dominique, Coutard, Sylvie, Ducrocq, Thierry, Durin, Cécile, Flahaut, Julie, VINCENT, Vaiana, Gonnier, Claire, Hugonnier, Louis, Lancelot, Stéphane, Lecomte-Schmitt, Blandine, Mariette, Erick, Vacossin, Jean-François
Přispěvatelé: Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Laboratoire de Physique et d'Etude des Matériaux (UMR 8213) (LPEM), Ecole Superieure de Physique et de Chimie Industrielles de la Ville de Paris (ESPCI Paris), Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université Paris sciences et lettres (PSL)-Sorbonne Université (SU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre de Recherche Archéologique de la Vallée de l'Oise (CRAVO), Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), Centre Michel de Boüard - Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (CRAHAM), Université de Caen Normandie (UNICAEN), Normandie Université (NU)-Normandie Université (NU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Inrap Hauts-de-France
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2017
Předmět:
Zdroj: [Rapport de recherche] Inrap Hauts-de-France. 2017
Popis: Les recherches entreprises dans le cadre de l’opération de Rue, en amont de l’extension d’une carrière d’extraction de galets, ont livré un ensemble d’occupations qui s’étend des débuts de la Protohistoire à l’époque moderne. Cette opération a permis d’appréhender sur une surface importante d’environ 2 hectares un site côtier multiséculaire. La position topographique du site le place sur un promontoire émergeant de la plaine maritime. Les traces les plus anciennes laissées par l’homme sont représentées par quelques silex taillés, peut-être associées à des structures en creux. Plusieurs interrogations restent en suspens concernant l’occupation à laquelle se rattachent ces artefacts qui d’après les données palynologiques ne se situerait pas dans l’environnement immédiat de la fouille. L’étude paléo-environnementale menée en parallèle, apportent différents éclairages sur le milieu naturel, qui apparait alors bien différent de celui d’aujourd’hui. L’éloignement du trait de côte plaçant le site dans un écosystème continental recouvert d’une chênaie.La foraine n’est ensuite réoccupée qu’à l’âge du Bronze final avec probablement une phase d’installation plus ancienne représentée par un vaste enclos dont on ne perçoit qu’une partie et un probable cercle funéraire. L’habitat qui se met en place ensuite se constitue de plusieurs bâtiments sur poteaux associés à des fosses et du mobilier comprenant notamment plusieurs éléments de briquetages, indices d’une activité de saunerie.Après plusieurs millénaires d’abandon le site est réinvesti à l’époque gallo-romaine. Pour ce faire, le sol est drainé et asséché, au préalable, par l’aménagement d’un niveau de remblai et le creusement d’un réseau de fossés qui quadrillent l’espace. La partie du site que la fouille a permis d’appréhender compte principalement un ensemble de grands bâtiments sur poteaux alignés et associés à d’autres de taille plus modeste. L’étude du mobilier découvert indique un niveau de vie assez élevé malgré le caractère frustre de l’habitat. Il fixe la datation du site entre le deuxième tiers du IIe siècle et le IIIe siècle voire le milieu du IIIe siècle.Les activités de pêche, d’élevage ainsi qu’un atelier de forge sont représentés. Ce modeste bourg de pêcheur situé à la confluence de grands axes de communication apparait parfaitement ancrer dans les grands courants d’échange de son époque. A cela s’ajoute la découverte d’une aire funéraire comprenant trois sépultures à enchytrisme témoignant de pratiques funéraires peu répandues dans les régions septentrionales de la Gaule.L’habitat gallo-romain est rapidement abandonné et l’emprise de la fouille n’est réoccupée qu’à partir du bas Moyen Âge. Cette période est marquée par le creusement d’un ensemble de fossés massifs qui illustrent le vaste chantier d'endiguement, de drainage et de valorisation des sols du Marquenterre. Ces structures ont livré un abondant mobilier qui couvre les XIVe, XVe et XVIe siècles. Ils sont associés à quelques fosses détritiques et témoignent de la présence d'un probable établissement agricole de cette période dans le secteur immédiat de la fouille. L’étude des archives a permis d’identifier les différents propriétaires du hameau avoisinant. Certains éléments laissent penser que le territoire a fait parti des possessions des religieux de Saint-Valéry jusqu’au milieu du XVIe siècle, sans doute offertes à ces derniers par le comte de Ponthieu.L’opération menée à Rue concernant les périodes médiévale et moderne enrichit les connaissances sur l’histoire de la stabilisation des mollières et la mise en valeur agricole du territoire du Marquenterre. Ce mouvement mieux connu dans la baie d’Authie dès la fin du XIIe siècle n’est pas précisément daté dans la Somme. Grâce à cette opération ont peu désormais fixer une première occupation des lieux dans la seconde moitié du XIVe siècle, plaçant ce mouvement encore en plein Moyen Âge et non à la période moderne. Il semble que la levée des digues et le creusement des fossés ait été menée sous l’impulsion des citoyens de la Commune du Marquenterre, acteurs principaux de la concertation et de la planification des travaux de terrassement. Ils sont à l’origine du travail de « nocage », l’entretien des fossés étant garant de la subsistance de leurs activités agricoles.Cette opération menée au cœur du Marquenterre illustre à différentes périodes de l’histoire, la lutte sans répit menée contre les éléments, des hommes voulant s’établir sur ce territoire sans cesse en mutation. A chacun de ces moments qu’il nous a été offert d’étudier, l’être humain a su s’adapter aux différentes contraintes rencontrées afin de tirer partie au mieux des opportunités offertes par ces vastes zones humides mais également si fertiles.
Databáze: OpenAIRE