LE BILINGUISME EN TCHÉTCHÉNIE
Autor: | Guerin, Françoise |
---|---|
Přispěvatelé: | Guerin, Françoise, Langues et civilisations à tradition orale (LACITO), Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3-Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) |
Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2020 |
Předmět: | |
Zdroj: | Slovo Slovo, Presses de l’INALCO, A paraître |
ISSN: | 2557-9851 |
Popis: | International audience; Le bilinguisme très déséquilibré que l'on constate en Tchétchénie, montre clairement l'hégémonie du russe par rapport au tchétchène. Toutefois la situation linguistique n'est homogène ni dans le temps ni dans l'espace. Effectivement, si les anciennes générations possèdent de larges compétences dans les deux langues, elles ont pour langue première le tchétchène et pour langue seconde le russe alors que pour les jeunes générations c'est l'inverse qui se vérifie. Les compétences en tchétchène des jeunes générations sont très faibles en milieu urbain et plus fortes dans le monde rural. Le paysage linguistique ne cesse d'évoluer en Tchétchénie, car si au début du siècle dernier, le tchétchène était composé d'un certain nombre de variantes dialectales, aujourd'hui la prépondérance du dialecte des plaines parlé à Grozny est manifeste et représente la norme donc le standard. Puis est arrivé le temps de la russification progressive qui s'est petit à petit intensifiée pour devenir forcée au moment de la seconde guerre mondiale. Or, dans une société plurilingue, l'équilibre structural de chacune des langues est en permanence remis en cause. Car conformément à la loi du moindre effort, un locuteur plurilingue « trouvera plus facile, plus économique de faire usage dans n'importe quelle situation des mêmes unités, des mêmes structures grammaticales, et inconsciemment va faciliter la convergence » 1 , cette dernière si elle est poussée à son maximum aboutira à la suppression de la langue la moins utilisée. Il faut noter que « cette tendance à réduire puis à éliminer est, un trait général et permanent des situations bilingues » 2. Il est donc important d'évaluer si l'avenir du tchétchène est en grand danger. Après un rapide aperçu des caractéristiques générales de cette langue et de sa situation linguistique, je traiterai dans cet article d'une part de l'influence du tchétchène dans l'emploi du russe, d'autre part, et ce sera le coeur de ma recherche, je m'intéresserai à la russification du tchétchène. J'aborderai les interférences à différents niveaux d'analyse : phonologique, lexical et syntaxique. Le tchétchène est une langue flexionnelle, ergative à opposition verbo-nominale. Cette langue utilise le cas ergatif pour introduire l'agent du procès, si c'est un expérient le datif est alors requis. Le nom ou le pronom non introduit par un cas est l'actant obligatoire (sujet ou prime actant) du verbe et il joue le rôle prototypique de patient. De façon canonique, le verbe est placé en fin de phrase et un grand nombre d'entre eux s'accordent en genre par préfixe avec le prime actant, tout comme quelques adjectifs et le cardinal quatre et ses dérivés. On compte six genres distincts : raisonnable masculin, raisonnable féminin et quatre genres neutres dont on ne connait pas les motivations. Cette langue appartient à la branche nakh de la famille de langues nakh-daghestanienne. Elle est parlée en Tchétchénie, République fédérée à la Russie située au Centre-Nord du Caucase. Sa population d'un peu plus d'un million d'habitants est presque exclusivement composée de Tchétchènes. Toutefois aucun recensement ne permet de savoir avec exactitude combien de locuteurs parlent couramment le tchétchène alors que pratiquement tous se déclarent bilingues tchétchène-russe. |
Databáze: | OpenAIRE |
Externí odkaz: |