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Pour les demandeurs d’asile, la vie au sein des institutions d’accueil est faite d’attente et d’un rapport à l’espace complexe. À ces deux niveaux – temporel et spatial –, ils vivent et ressentent une extrême pression sensorielle de l’intranquillité qui pèse sur leur identité et leurs capacités à faire vivre des relations, à absorber les chocs des interactions pour créer une sphère commune. Cette pression rend très précaire la possibilité de s’aménager une sphère intime dans laquelle se reposer, reprendre des forces face à l’inhospitalité globale du système d’asile. Cet article insiste d’abord sur le thème de l’habiter, montrant que l’espace de vie des demandeurs d’asile est impropre à les protéger et qu’il ne leur donne pas la possibilité de recevoir, ce qui leur conférerait un pouvoir sur le lieu. À partir de ces difficultés à recevoir – alors même que recevoir constitue une envie centrale chez les demandeurs d’asile –, je croise le thème de l’habiter à celui de la sexualité, pour montrer que les difficultés à rencontrer des femmes (et a fortiori d’avoir une vie sexuelle), quand elles s’ajoutent à l’absence de travail et d’un foyer, prend une place importante dans la dévalorisation globale de la masculinité des demandeurs d’asile et leur exclusion des masculinités légitimes. The life of asylum seekers in reception institutions is made up of waiting and a complex relationship to space. On both levels - temporal and spatial - they experience and feel an extreme sensory pressure of intranquillity that weighs on their identity and their ability to sustain relationships, to absorb the shocks of interactions to create a common sphere. This pressure makes it extremely precarious to create an intimate sphere in which to rest and regain strength against the overall inhospitality of the asylum system. This article begins by focusing on the theme of inhabitation. It shows that the living space of asylum seekers is not suitable for protecting them and that it does not give them the possibility of receiving, which would give them power over the place. From these difficulties to receive, however a central desire among asylum seekers, I cross the theme of inhabitation with that of sexuality, to show that the difficulties to meet women (and a fortiori to have a sexual life), when added to the absence of work and of a home, takes an important place in the global devaluation of the masculinity of the asylum seekers and their exclusion from the legitimate masculinities |