Et saint Clément reprit chair : tradition et adaptation d'un thème hagiographique durant le haut Moyen Âge (VIe-IXe siècle)

Autor: Lienhard, Thomas
Přispěvatelé: Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris (LAMOP), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Doyen, Gabriel
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2010
Předmět:
Zdroj: Zwischen Niederschrift und Wiederschrift. Frühmittelalterliche Hagiographie und Historiographie im Spannungsfeld von Kompendienüberlieferung und Editionstechnik
Zwischen Niederschrift und Wiederschrift. Frühmittelalterliche Hagiographie und Historiographie im Spannungsfeld von Kompendienüberlieferung und Editionstechnik, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, pp.355-364, 2010
Popis: Richard Corradini/Max Diesenberger/Meta Niederkorn-Bruck; International audience; Pour qui veut étudier les procédés d'écriture hagiographique au Moyen Âge, le dossier de Clément I er , troisième pape après saint Pierre, constitue un morceau de choix. Il s'impose d'abord par son ampleur : entre la fin du I er siècle de notre ère, période présumée de la mort de Clément, et la fin du IX e siècle, ce ne sont pas moins de soixante sources distinctes (sans compter les variantes entre les manuscrits d'un même texte) qui permettent à l'historien de suivre les différentes facettes adoptées par ce personnage à travers les âges tout autour de la Méditerranée. Et non seulement leur nombre, mais également la diffusion manuscrite de chacun de ces textes prouve qu'il s'agissait là d'une figure littéraire particulièrement attractive : pour prendre un exemple, le corpus des Pseudo-Clémentines-un roman chrétien conçu au IV e siècle et centré sur la vie de Clément-fit à lui seul l'objet de plus de 120 copies complètes ou partielles dans sa version latine, grecque ou syriaque 1 , et de citations plus nombreuses encore. Le dossier était manifestement intéressant pour l'hagiographe médiéval. Mais il l'est aussi pour l'historien moderne, car il permet de faire la part entre deux approches divergentes de l'hagiographie. Pour présenter ce problème, on peut sans doute commencer par rapporter l'épisode qui, chronologiquement, est le dernier dans la série que l'on voudrait présenter ici. On sait que dans les années 860, l'émissaire byzantin Constantin se rendit à Rome et apporta au Saint-Siège les reliques du pape Clément I er : selon son propre témoignage, il aurait découvert celles-ci en Chersonèse, où une tradition situait le martyre de ce saint survenu quelque huit siècles plus tôt 2. L'historiographie a largement souscrit à ce récit en considérant que le dossier hagiographique concernant ce saint était déjà fermement établi et unifié vers 860, et que le Grec n'aurait eu qu'à puiser dans cette source d'information pour savoir où rechercher les précieuses reliques 3. Il s'agit là d'une conception de l'hagiographie que l'on peut qualifier de traditionnelle, au sens étymologique du terme : pour qui s'intéressait à Clément au haut Moyen Âge, le corpus de textes qui entourait la vie de ce saint aurait été à la fois homogène et incontournable. Certes, quelques détails du récit produit par le Byzantin vers 860 furent remis en cause par les historiens. On s'est notamment demandé si on pouvait légitimement admettre l'identification entre le pape du I er siècle et la dépouille apportée à Rome au IX e siècle : la tombe n'étant plus signalée par aucun culte à cette époque en Crimée, Constantin ne s'était-il pas trompé de corps 4 ? Mais par-delà les difficultés pratiques de l'expédition, on peut poser la question de manière plus radicale, et vouloir vérifier la cohérence de la tradition clémentine qui, au IX e siècle, pouvait guider l'explorateur vers la Chersonèse : dans la longue série de
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