Violence et recours aux Déesses-Mères, Shakti, du panthéon hindou réunionnais

Autor: Callandre, Florence
Přispěvatelé: ASIES (ASIES EA 4512), Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco), Université de La Réunion - Faculté de Lettres et Sciences humaines (UR FLSH), Université de La Réunion (UR), Sophie Geoffroy, Jean-Michel Jauze
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2014
Předmět:
Zdroj: Alizés N°41
Expériences et représentations de la maternité : comprendre pour prévenir les violences intrafamiliales.
Expériences et représentations de la maternité : comprendre pour prévenir les violences intrafamiliales., Sophie Geoffroy, Nov 2014, Saint-Denis de La Réunion, France. pp.234
btcr@univ-reunion.fr
Popis: International audience; C'est, en 1990, que j'ai commencé à faire des enquêtes ethnographiques à La Réunion, pour étudier comment des membres d'une société complexe multiculturelle créole interprètent des croyances, des mythes, des rites, des représentations et des signes en lien avec leurs dieux ou leurs ancêtres, interprétations à caractère religieux ou magico-religieux. Cette année-là, Marco Ramidge-Bane et sa famille, qui m'avaient accueillie de façon extrêmement hospitalière et amicale, chez eux, au Brulé de Saint-Denis, et m'avaient fait participer à la fabrication de compositions florales (rangoli, bouké-d-tèt) pour les fêtes hindoues, m'ont autorisée à observer un cycle complet de leurs cérémonies religieuses privées. Le dimanche 27 mai, jour de la fête des Mères, ils m'ont conviée à leur servis Pétiaye (cérémonie pour la déesse Pétiaye), ou servis poul noir (service de la poule noire) un rite domestique en rapport avec la fécondité et la protection des enfants du mauvais sort et de la maladie. Les années suivantes, il m'est arrivé de nombreuses fois, lors de mes enquêtes de terrain dans les koylou, les espaces sacrés hindous de l'île, ou même dans des lieux moins spécifiques, de voir des représentations « classiques », kalou (pierres plantées), padon (peintures sur verre), sélé (sculptures), liées à la maternité. J'ai pu aussi étudier un mariage d'arbres Shiva/Shakti 1 (arasou/vépou autrement dit ficus religiosa/azadirachta indica) au Siva Soupramanien Kovil de la rue Saint-Louis à Saint-Paul, un mariage qui réunit les principes masculin et féminin jusqu'à les anastomoser. Une croyance ne s'exprime pas seulement par des représentations d'entités divines ou ancestrales. Les croyants laissent souvent des traces visibles de leurs recours à ces entités. La lanière de tissu rouge attachée avec une pièce de monnaie autour d'une branche, au temple l'Affouche entre Savannah et Cambaie, les poupées fixées à l'arrière des divinités comme Pétiaye chez Maryavan Baba Latchimy, à Tamatave, Saint-Gilles-les-Hauts, ou celles qui sont à l'arrière de Maman Touké au Karime Jaline Dalmain Kovil de la même ville, reproduction de Touké Karli de la Shapèl La Misère de Daniel Singaïny, les poupées clouées sur des Bois rouges (Cassine orientalis) situés sur le chemin Quatre sous à Piton St-Leu, chemin des Révoltés de Saint-Leu que m'a fait découvrir Sudel Fuma à l'occasion d'une randonnée commémorative organisée par le Comité Elie, en sont des exemples. Ces manifestations de la croyance et de la pratique m'ont inspiré le sujet de ma participation à ce troisième colloque sur la Maternité, du Professeur Sophie Geoffroy auquel je ne pouvais pas être insensible ayant perdu ma propre mère cette année : « Violences et recours aux Déesses-Mères, Shakti du panthéon hindou réunionnais». Comment des Réunionnais peuvent-ils avoir recours à des Shakti réputées puissantes et dangereuses pour les aider à résoudre les désordres générés dans leurs foyers par les violences aussi bien physiques (maladies, coups…) que symboliques et morales (insultes, pressions, mépris, indifférence…) et protéger leurs enfants, en mettant en scène des rituels auxquels est parfois attribué un caractère magico-religieux et en laissant des traces que certains jugent proches de la sorcellerie ?
Databáze: OpenAIRE