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Le présent article étudie le rôle de la confiance pendant une situation de crise liée aux médicaments. Plus précisément, il s’agit de s’intéresser au rôle joué par la confiance comme produit d’une négociation entre institutions prétendant garantir la sécurité des médicaments et les usagers, dépendants - pour le moins partiellement - de ces mêmes institutions. L’article prend appui sur un échange épistolaire entre une citoyenne allemande, Mme S., et le chef du département des affaires pharmaceutiques du ministère fédéral de la Santé en 1962. S’inquiétant de la prescription par son gynécologue d’une pilule contraceptive potentiellement dangereuse, et critiquant les dysfonctionnements du système de régulation du médicament, Mme S. refuse le raisonnement qui lui est opposé. Elle exige ainsi que les acteurs du médicament se concertent pour garantir la sécurité des usages. Ce qui peut paraître comme la posture naïve d’une citoyenne s’avère être une posture politique cohérente au regard de sa marge de manœuvre. The present article studies the role of trust during a drug crisis. More precisely, the objective is to analyze trust as a negotiation between institutions claiming to guarantee drug safety and users who depend at least partly on these institutions’ work. Exploring an exchange of letters between German citizen Miss S. and the head of the Department of pharmaceutical affairs of the Federal Ministry of Health, this article discusses Miss S.’s fears about a potentially dangerous contraceptive she had been prescribed by her doctor as well as her critique of a dysfunctional drug regulation that made her reject the reading of risk by pointing towards the weaknesses of this interpretation in daily life. Her whole letter appears to be a plea for drug safety as a collective project involving all groups of actors related to drugs and their use. Far from being naïve, Miss S.’s arguments are politically coherent regarding her few options to maneuver. |