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Between 1929 and 1939, important political parties and associations in France (i.e. Parti socialiste, Parti communiste, Action française…) used discs for their propaganda in a context of turmoil and intense ideological competition. Although recorded sound has been conceived and used as a political tool since its invention, the range and the frequency of its political usages grew considerably during the interwar period. These ‘political discs’ were produced by firms affiliated or close to political organizations. They were classified within specific catalogues and grouped within series, and were meant to be listened during political rallies or at activists’ homes. Their growing numbers as well as the range and frequency of their usages show, as it were, a sonic turn for propaganda, empowered by recording technologies. Under-researched in the field of cultural history and political sciences, discs have been the first and main medium used for such an extensive propaganda. Technically ready for political uses at least since the end of the first decade of the twentieth century, discs were not explicitly employed as a propaganda tool until 1929. I argue that the period between the 1910s and the 1920s foregrounded the genesis of the political disc not only as a technical medium, but also as a social one. To investigate political discs, I develop a specific methodology grounded on the nexus between social and political history, sound studies and musicology. First, I examine how discs became political through the study of their changing social role and value. Second, I consider how discs emerged as political medium over the course of the 1930s, serving for opposite political organizations. This investigation leads me to rediscover neglected chapters of the intertwined histories of the disc and of political communication, also reflecting upon the social and political uses of sound in democratic regimes. I have carried out an extensive archival research on newspapers, magazines, advertisements, and internal reports, exploring both institutional and private holdings. I also had the opportunity to listen to some of these discs in order to fully understand their strategic purposes. By following the evolution of the imaginary and agency connected to recorded sounds, I have shown how discs gained political power and have been used as a way to create and manage the attention of the audience, as a medium embodying the authority of public orators, and as a disseminator of particular models of political mobilization. I believe that recorded sounds, and in particular political discs, are the first historical occurrences of a specific reconfiguration of the political usages of sound. A reconfiguration that was provoked and elicited by technology and its innovative power. The study of the disc leads me toward a ‘political pragmatics of sound’, which is still to be studied and understood.; Entre 1929 et 1939, les principales organisations politiques françaises se tournent vers le disque pour faire exister leur propagande dans un contexte de tumulte et d’intense compétition politiques. Si le son enregistré a suscité des usages politiques imaginaires ou réels dès les premiers moments de sa publicisation, il n’avait encore jamais été employé ainsi avec une telle constance et une telle complexité. La production d’enregistrements de propagande est assurée par des entreprises proches ou affiliées à des organisations politiques, qui conçoivent ce que nous nommons des « disques politiques » et les rassemblent dans des catalogues à la structuration plus ou moins complexe, pour qu’ils soient écoutés au cours des réunions partisanes et dans les foyers militants. Leur nombre, ainsi que la fréquence et la durabilité de leurs usages semblent indiquer que la propagande partisane prend alors un virage sonore, dont la technicisation a augmenté la puissance et l’a rendue indispensable. Il est alors significatif que le disque, objet négligé par l’histoire et la science politiques, ait été le premier et le principal médiateur de cette nouvelle propagande sonore, et, disponible à cette fin dès la fin des années 1900, qu’il ne l’ait véritablement été qu’à partir de 1929. Il faut comprendre ce qui a changé dans la socialisation du disque pour qu’il devienne « politique », puis comprendre comment il a existé ainsi tout au long des années 1930 pour des organisations adversaires. Par cette étude ancrée dans l’histoire culturelle et politique, la musicologie et les sound studies, nous renseignons un pan méconnu de l’histoire du disque et de la communication politique, et réfléchissons aux usages du son engagés en démocratie. À cette fin, nous disposons notamment de nombreuses archives de presses, riches d’articles et de publicités vantant le disque politique, ainsi que des disques eux-mêmes, dont l’écoute nous a permis de mieux comprendre les perspectives stratégiques de leurs usages. En suivant la piste de l’évolution de l’imaginaire de la puissance politique et de la puissance de faire du son, du son enregistré et du disque, nous avons montré comment ce dernier a été investi d’un pouvoir politique grandissant à mesure que sa présence et ses usages sociaux devenaient massifs. Par ailleurs, nous avons montré que le disque, présenté à son public comme un moyen puissant et incontournable de propagande, a été utilisé comme un modulateur de l’attention militante, un médiateur de l’autorité des oratrices et des orateurs, et un diffuseur de modèles de la mobilisation politique. Le son enregistré débutant et le disque politique sont, selon nous, parmi les premières occurrences historiques de la reconfiguration des usages politiques du son occasionnée par la technique et sa puissance inédite de faire. Leur étude ouvre ici la voie à une pragmatique politique du son dont le développement est à venir. |