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Dans les quartiers lointains de la périphérie de Dar Es Salaam, la faible densité et l’étalement urbain ne facilitent pas le raccordement aux infrastructures urbaines de base. A travers l’analyse du district d’Ilala, cet article s’intéresse aux modalités et aux effets de l’électrification de ces espaces situés en bout de réseau. Fortement plébiscité par les habitants, l’accès à l’électricité de la TANESCO est finalement permise grâce à l’extension subventionnée de ses réseaux, reléguant alors vite les quelques systèmes électriques d’appoint hors-réseau (groupes électrogènes, systèmes solaires). Mais de manière contre-intuitive, l’arrivée de l’électricité ne provoque pas pour autant la disparition des autres sources énergétiques lui préexistantes (comme le kérosène et le charbon). Dans ces zones intermédiaires entre la ville et la campagne, on observe plutôt une ‘diversification énergétique’, résultante de l’élargissement de l’offre disponible : les usagers adoptent rapidement l’électricité pour accéder plus aisément à de nouveaux services (télévision, frigidaire, éclairage à l’ampoule) tout en continuant à préférer des énergies non-électriques pour d’autres usages domestiques (cuisson et repassage au charbon par exemple ; ou éclairage ponctuel et cuisson rapide au kérosène). Moins chères, facilement disponible, nécessitant un équipement minimal, ces énergies dites traditionnelles sont amenés à perdurer dans les pratiques aux côtés de nouveaux usages exclusivement électriques. Cette diversification est négligée dans la stratégie énergétique du pays, centrée sur l’électricité malgré les difficultés financières à la mettre en place. Documentés par la littérature, les facteurs explicatifs des choix de combustibles des ménages sont habituellement centrés sur les pratiques des usagers, mais plus rarement replacés dans une perspective de compréhension plus large de gouvernance énergétique. En révélant les facteurs structurels de la diversification énergétique des espaces intermédiaires en cours d’électrification, cet article permet ainsi de contribuer aux réflexions sur les particularités de la transition énergétique pour in fine mieux appréhender les particularités de l’urbanisation africaine. In the remote districts of the Dar Es Salaam periphery, low density and urban sprawl do not facilitate connection to basic urban infrastructures. Through the analysis of the district of Ilala, this article focuses on the modalities and effects of electrification of these areas located at the end of the network. Strongly supported by the inhabitants, TANESCO's access to electricity is finally made possible, thanks to the subsidized extension of its networks, thus quickly relegating the few off-grid backup electrical systems (generators, solar systems). But counter-intuitively, the arrival of electricity does not mean that other pre-existing energy sources (such as kerosene and coal) disappear. In these intermediate areas between the city and the countryside, there is rather an 'energy diversification', resulting from the widening of the available offers: users quickly adopt electricity to access new services more easily (television, refrigerator, light bulb) while continuing to prefer non-electric energy for other domestic uses (cooking and ironing with coal, for example; or occasional lighting and rapid cooking with kerosene). Less expensive, easily available, requiring minimal equipment, these so-called traditional energies will continue to be used alongside new exclusively electrical uses. This diversification is neglected in the country's energy strategy, which focuses on electricity despite the financial difficulties in implementing it. Documented in the literature, the explanatory factors of household fuel choices are usually centered on user practices, but more rarely placed in a broader perspective of understanding energy governance. By revealing the structural factors of energy diversification in intermediate spaces undergoing electrification, this article contributes to the reflections on the particularities of the energy transition in order to better understand the particularities of African urbanization. |