Violence des échanges en milieu plus ou moins tempéré : la représentation du travail dans le théâtre contemporain
Autor: | Talbot, Armelle |
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Přispěvatelé: | Centre D'Etude et de Recherche Interdisciplinaire de l'UFR LAC (CERILAC (EA_4410)), Université Paris Diderot - Paris 7 (UPD7), Florence Thérond (dir.), TALBOT, Armelle |
Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2014 |
Předmět: | |
Zdroj: | La Violence du quotidien. Formes et figures de la violence contemporaine au théâtre et au cinéma Florence Thérond (dir.). La Violence du quotidien. Formes et figures de la violence contemporaine au théâtre et au cinéma, L’Entretemps, pp.67-82, 2014 |
Popis: | International audience; Prenant acte de la résurgence des problématiques sociales dans le théâtre de la dernière décennie, cet article porte sur les modes de représentation de la violence économique telle qu’elle s’exerce dans le quotidien des travailleurs, qu’il s’agisse d’ouvriers menacés par la fermeture ou la restructuration de leur usine (Les Marchands de Joël Pommerat, L’Usine de Magnus Dahlström) ou de cadres se vouant corps et âme à leur entreprise (Sous la glace de Falk Richter, Push up de Roland Schimmelpfennig). À l’heure où l’obsession de la compétitivité et de la performance se décline à une échelle mondiale et soumet l’individu à des stratégies perçues comme impénétrables, comment donner à voir et à entendre cette violence qui échappe au champ dramatique du conflit individualisé entre le maître et l’esclave pour marquer directement son empreinte sur les corps et les discours et rendre le quotidien hostile, sinon inhabitable ?Abandonnant l’élucidation des causes au profit de la radiographie des effets, le théâtre semble également délaisser ici les modes collectifs de lutte entre patronat et salariés et creuse le plus grand écart entre la nécessité surplombante et anonyme du système et l’intimité dévastée de ses agents. De cette impossible confrontation entre les dieux invisibles de l’économie planétaire et leurs victimes réduites à l’impuissance, résultent des inflexions tragiques pour le moins paradoxales : à la violence sans sujet des arguments comptables et des diktats productivistes, fait en effet parfois écho la violence bien plus concrète d’actes voulus propitiatoires – le sacrifice de l’enfant dans Les Marchands, le meurtre du bouc émissaire dans L’Usine – qui exacerbent les difficultés des personnages à identifier les mécanismes qui président au mal dont ils souffrent et à lui apporter une réponse proprement politique. Reprenant certains motifs déjà explorés dans les dramaturgies quotidiennistes des années 1970 (dissolution des frontières entre vie privée et vie publique, enchâssement de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, articulation entre violence sociale et violence criminelle), les pièces évoquées en renouvellent toutefois les formes et les enjeux sur un mode volontairement aporétique qui se trouve, lui aussi, au cœur de notre questionnement. |
Databáze: | OpenAIRE |
Externí odkaz: |