De la mémoire divisée à la mémoire partagée : la double confrontation au passé dans l’Allemagne unifiée

Autor: Tambarin, Marcel
Přispěvatelé: Tambarin, Marcel, Institut des Langues et des Cultures d'Europe et d'Amérique (ILCEA), Université Stendhal - Grenoble 3, Institut des Langues et Cultures d'Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie ( ILCEA4 ), Université Stendhal - Grenoble 3-Université Grenoble Alpes ( UGA )
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2009
Předmět:
Zdroj: Allemagne d'aujourd'hui : revue francaise d'information sur l'Allemagne
Allemagne d'aujourd'hui : revue francaise d'information sur l'Allemagne, Presses Universitaires du Septentrion, 2009, p. 104-118
ISSN: 0002-5712
2551-9409
Popis: International audience; A l’occasion de la commémoration de la « Nuit de cristal » en 1993, la présidente du Bundestag Rita Süssmuth considérait que le « souvenir collectif » de la chute du mur de Berlin prémunissait les Allemands aussi bien contre les errements du passé que contre les risques de l’avenir. Si de fait 1989 constitue le préalable à une nouvelle mémoire collective allemande, cet événement n’en a pas pour autant instauré dans l’instant une mémoire commune, qui ne pouvait en Allemagne que s’inscrire dans la continuité, car il était exclu de repartir ex nihilo, c’est-à-dire en tirant un trait sur le passé. Une nouvelle mémoire commune passe en Allemagne au contraire d’abord par un retour sur le passé, à commencer par le passé de RDA, lui-même source de nouvelles dissensions. Ce travail sur le passé communiste renvoie à son tour à la façon dont la RDA s’est confrontée au passé nazi, et par ricochet également au travail de mémoire réalisé en RFA jusqu’en 1989. C’est-à-dire que l’unification de la mémoire commence paradoxalement par la réactivation de mémoires concurrentes.L’émergence de cette nouvelle communauté mémorielle doit en outre s’accommoder d’une série de clivages et d’interférences. Il s’agit en effet d’abord d’une double confrontation à plusieurs égards, dans laquelle ne s’opposent ou ne divergent pas seulement la confrontation au passé nazi et la confrontation au passé communiste, respectivement à la mémoire de ces deux passés, mais aussi les perceptions de l’Est et les perceptions de l’Ouest, les mémoires publiques et les mémoires privées, les temporalités et les régimes mémoriels respectifs. Si donc la voie d’une mémoire commune est ouverte depuis 1989, elle reste encore encombrée d’obstacles : concurrence des modes de confrontation au passé, concurrence des victimes ensuite, concurrence enfin des régimes mémoriels spécifiques, dans l’attente de cette communauté de mémoire qui saura intégrer le passé communiste aussi bien que le passé nazi.
Databáze: OpenAIRE