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Selon une information révélée par Le Parisien le 18 octobre 2020, Abdoullakh Anzorov, l’assassin du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, avait fréquenté un club de lutte. En 2017, dans ce même club, des dérives communautaires avaient été signalées, notamment des prières dans les vestiaires ou des pressions sur les tenues vestimentaires des jeunes femmes licenciées. Placée sous tutelle, cette association a été l’une des premières de France à se trouver dans le viseur de l’Etat pour communautarisme. Les salles de sports dans les banlieues sont-elles devenues des lieux de l’entre soi et un éventuel ferment de l’islamisme ? Une forme d’emprise prosélyte s’exerce-t-elle en direction des jeunes de confession musulmane qui fréquentent certains lieux de pratique sportive ? Grâce à une enquête réalisée depuis 2016 dans le cadre de son programme de recherche du CNRS (programme "Attentats-Recherches") et à ses recherches sur le sport et l'immigration menées de puis 2010, William Gasparini interroge les raisons qui conduisent les islamistes à investir les espaces sportifs en France. Selon lui, les jeunes sportifs amateurs issus de l’immigration maghrébine ou africaine (récente ou ancienne) sont la cible des prédicateurs salafistes puis des djihadistes et de leurs recruteurs parce que le sport -comme l’école- participe de l’intégration des jeunes français issus de l’immigration et de confession musulmane et pose les bases de leur émancipation citoyenne : confrontation à l’autre dans le respect de règles communes, mise à distance de ses croyances religieuses, reconnaissance de la mixité. Des « entrepreneurs d’ethnicité » investissent le sport dans les quartiers défavorisés et détournent à leur profit l’un des lieux prisé des jeunes hommes issus de l’immigration. Dans de nombreuses banlieues, le sport devient ainsi l’un des moyens d’entrer en contact avec des mineurs de confession musulmane. D’autant que dans leur propagande, les djihadistes soulignent que l’activité physique permet non seulement de forger un capital corporel utile pour les combats futurs, mais également de souder l’engagement des « frères » dans la croyance. |