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La musicographie a souvent dépeint le Messiaen catholique. On a beaucoup évoqué l'ornithologue passionné. Il est parfois question du « rythmicien », du goût pour les modes rythmiques du Moyen Âge, de l'Inde, pour les « rythmes non-rétrogradables », les « modes à transpositions limitées ». Or, tous ces discours reconduisent surtout ceux d'un musicologue célèbre : Messiaen lui-même, discours qu'il semble-de nos jours encore-difficile de contredire, voire simplement de compléter. Peter Hill et Nigel Simeone remarquent à la première page de leur ouvrage que « plus d'une décennie après sa mort, notre connaissance [de Messiaen] est toujours largement conditionnée par ce qu'il a dit de lui-même ». Or, Messiaen n'a pas mentionné-l'ignorait-il ?-que son oeuvre était singulièrement claire. Il n'a pas pris la mesure exacte, peut-être, de son rôle de médiateur. De son époque, Messiaen tint le centre, en effet. Il se tint presque seul sur la médiatrice entre tradition et modernité, passé et futur, à la fois musicien de « Jeune France » (groupe de compositeurs auquel il appartient, comme Jolivet, avant la guerre) et compositeur « vieille France », capable d'écrire un Livre d'orgue (1950-1) au début des Trente Glorieuses. Enfin, peut-être en conséquence, il fut surtout médiateur entre avant-garde et public. |