Le pont aux ânes de l’autonomie du patient en psychiatrie

Autor: Ravez, Laurent
Zdroj: L'Encéphale; February 2025, Vol. 51 Issue: 1, Number 1 Supplement 1 pS8-S12, 5p
Abstrakt: En éthique des soins de santé, l’autonomie du patient est souvent considérée comme un principe fondamental, surpassant même les principes de bienfaisance, non-malfaisance et justice. Inspiré par les philosophies libérales (comme J.S. Mill) et les morales du devoir (notamment Kant), ce principe reconnaît la dignité humaine et le droit de chacun à prendre des décisions libres en matière de santé. Dans la pratique, cela se traduit par l’obligation pour les soignants d’informer clairement le patient et d’obtenir son consentement éclairé, tout en respectant le secret professionnel. Cependant, en psychiatrie, ce principe pose un défi particulier. Les troubles mentaux peuvent altérer la capacité décisionnelle des patients, compromettant ainsi leur autonomie. Des situations délicates surviennent lorsqu’un patient psychotique ou gravement dépressif refuse les soins nécessaires. Les soignants sont alors confrontés à des dilemmes éthiques : doivent-ils imposer un traitement « pour le bien » du patient, au risque d’adopter une approche paternaliste souvent critiquée aujourd’hui ? Ce dilemme révèle une tension entre l’autonomie individuelle et la réalité de la vulnérabilité humaine. Certains éthiciens suggèrent une approche plus relationnelle de l’autonomie, où les décisions du patient sont soutenues par son entourage et par les soignants, créant ainsi un cadre où l’autonomie s’exerce dans l’interdépendance. Dans cette perspective, l’aide apportée au patient ne nie pas son autonomie mais la soutient. Finalement, en psychiatrie, le respect de l’autonomie doit être nuancé, permettant dans certains cas le recours à des soins contraints pour protéger les intérêts fondamentaux du patient et de ceux qui l’entourent.
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