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Dans Un Secret(2004) de Philippe Grimbert, le narrateur plonge dans un monde quasi-imaginaire qui le mène vers une réalité sordide qui porte sur un secret familial dont le narrateur est ignorant. Les lieux qu’il habite ou fréquente lui fournissent une imagination sans borne et représentent l’interface à travers laquelle son imagination se concrétise. Ils fonctionnent comme espace de rêverie et de fantaisie qui interpelle le passé tout en introduisant le narrateur dans des souvenirs familiaux. Je m’inspire de l’analyse phénoménologique de Gaston Bachelard sur la puissance de l’imagination qui, selon lui, devient une force où les lieux s’adressent au passé. Cette approche jette un éclairage pertinent sur le texte de Grimbert; il nous aide à sonder dans quelle mesure le passé passe par l’imaginaire et dévoile des événements cadenassés et les personnes entremêlées aux événements. Dans ce contexte où cette révélation offre un espace qui avive la mémoire des personnages, je mobilise également les remarques pertinentes de Gabriele Schwab en ce qui concerne l’aspect de l’enfant de remplacement et l’aspect éthique du face-à-face d’Emmanuel Levinas qui permet de mettre en perspective, à la fois, le narrateur et son frère dans leur altérité respective. L’imaginaire sert au narrateur d’espace et organise sa mémoire, ce qui lui permet de faire face à sa responsabilité éthique envers ce passé; et en ce faisant, il se (re)trouve lui-même, sa mémoire qui est liée à sa famille et la communauté à laquelle il appartient: les juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours de son travail de deuil, le narrateur passe par l’imaginaire et finit par atteindre la mémoire refoulée. |
